Un petit groupe de passionnés de plantes aquatiques américains est devenu en quelques mois, le symbole du droit à la liberté d’expression, sur le web, pour les consommateurs.
Ils sont tous amateurs de vie sous-marine. Ils s’échangent des bons plans en ligne par l’intermédiaire de leur liste de discussion. Et ils ont tous appris, à leur dépens, qu’exprimer son mécontentement sur le web peut coûter cher...
Mais lorsque Dan Resler, un des membres du groupe de discussion, poste une anecdote sur la mailing liste de l’Aquatic Plan Digest, il ne se doute pas de l’ampleur que va prendre celle-ci.
Des web-consommateurs mécontents
Dans son message, posté le 15 mai 2001, Dan Resler critique les services de la compagnie PetsWarehouse.com. Un produit commandé livré en retard. Une somme à acquitter plus importante que celle indiquée lors de la commande...Bref, le consommateur n’est pas très content et invite les destinataires de son message à se méfier du fournisseur. Très vite, d’autres mécontents prennent la parole pour aligner des expériences similaires et l’auteur d’un site web annonce qu’il ajoutera un avertissement sur son site personnel, en face du lien pointant sur l’entreprise. Tout ce petit monde commence, malgré lui, à faire du bruit sur le web. Ce qui devait arriver arrive. Robert Novak, le patron de PetsWarehouse.com, tombe lui aussi sur les messages.
Opinion ou diffamation ?
La sentence tombe - elle aussi- deux semaines plus tard : Accusés de diffamation, de conspiration et même de hacking, les auteurs des messages sont assignés en justice. Robert Novak réclame pas moins de 15 millions de dollars de compensation pour les dommages d’image causés à son encontre assure t-il. Instruite par une cour de l’Etat de New York, l’affaire durera des mois.
Les internautes défendent l’expression d’une opinion, l’entreprise prêche la diffamation. Difficile de trancher. En attendant, les amateurs de plantes aquatiques en seront pour leurs frais...de justice. Une somme de 14 000 dollars, collectée pour assurer leur défense auprès de sympathisants de la cause, va les aider pour un temps.
Accord amiable
Au mois de février 2002, pour éviter d’augmenter leurs frais de justice cinq des accusés trouvent finalement un arrangement avec le fournisseur d’algues. L’un lui lègue un nom de domaine convoité : PlantedTank.com . Son crime ? Avoir mis en ligne la bannière appellant à une aide financière pour assurer sa défense. Un autre s’engage à mettre en ligne pendant 145 jours une bannière vantant PetsWarehouse.com sur son site etc.
Mais, contre toute attente, la compagnie insiste. Seul Dan Resler sera obligé de payer de sa poche. En effet, pour PetsWarehouse, le professeur en sciences de l’informatique est un hacker en puissance. Accusé d’avoir cassé le système de sécurité du site pour récupérer des informations sur sa commande, ce qu’il conteste, Dan Resler a fini par rendre les armes. Après accord, l’internaute sera le seul à verser 4150 dollars (4664,49 euros) de dédommagement à l’entreprise pour éviter une nouvelle procédure en justice à l’issue de laquelle il pouvait être condamné à verser entre 75 000 et 100 000 dollars. L’’affaire, qui a trouvé son épilogue en mars 2002, laisse comme un goût amer aux ex-clients de la compagnie.
Site PetsWarehouse
http://www.petswarehouse.com/
Dossier complet sur l’affaire Novak versus ADP list members
http://216.168.47.67/psw/Default.html