Le conseil général des Bouches-du-Rhône a décidé de mettre un ordinateur portable à la disposition de tous les élèves de 4e du département, dès la rentrée 2003. Suite à cette décision, un enseignant membre de l’AFUL (Association des utilisateurs de Linux) demande aux élus du Conseil général d’installer sur ces ordinateurs une distribution française du système d’exploitation libre plutôt que Windows XP, l’environnement Microsoft. Publiée sur le site Linuxfr, sa lettre, transformée en pétition, a recueilli plus de 300 signatures.
Dès la rentrée prochaine, tous les élèves de 4e des collèges publics et privés des Bouches-du-Rhône devraient disposer d’un ordinateur portable doté d’une connexion à internet haut débit sans fil. 28 000 ordinateurs seront ainsi distribués par le Conseil général aux 180 collèges du département.
"Il est probable que ce matériel sera sans doute (et malheureusement) doté du système d’exploitation Microsoft Windows XP. Alors que l’on peut, dans le cas qui nous occupe, trouver une solution française (société MandrakeSoft : http:// www.linux-mandrake.com/fr/)", peut-on lire dans une lettre signée Rosaire Amore, publiée sur le site Linuxfr.
Membre de l’AFUL, Rosaire Amor se présente en tant qu’"enseignant, conseil et formateur en informatique".
Le libre, un exemple de civisme
Parmi les arguments exposés dans sa lettre, il met en avant le coût élevé de l’achat de licences Microsoft. Selon lui, cet argent pourrait être dépensé à des fins plus intéressantes d’un point de vue pédagogique, telles que la formation des enseignants à l’informatique par exemple.
Rosaire Amore évoque aussi les vertus pédagogiques qu’auraient la découverte, par les élèves, d’un système informatique développé sur la base d’un travail collaboratif. "Une des caractéristiques les plus fortes de Linux est que ce système est totalement développé de façon coopérative, via l’Internet. Dans notre environnement social de plus en plus basé sur l’égoïsme, ce point ne me semble pas d’un intérêt civique mineur", écrit-il.
Pour l’heure, la lettre de Rosaire Amore, transformée en pétition, a recueilli 345 signatures. "La pétition est un moyen de faire prendre conscience aux élus qu’il existe d’autres systèmes d’exploitation et d’autres logiciels que ceux de Microsoft", explique Stéphane Fermigier, un des porte-parole de l’AFUL.
Percée dans les rectorats
Selon Stéphane Fermigier, le libre entame actuellement une percée discrète dans les écoles. "Il existe un véritable mouvement au niveau de certains rectorats, comme celui de Tours-Orléans par exemple, qui encouragent les écoles à utiliser la suite bureautique Open Office, libre et gratuite."
Autre exemple d’implantation du libre dans les écoles : la suite logicielle AbulEdu, composée de programmes libres et gratuits préconfigués pour être utilisés en réseau dans les établissements scolaires. Selon Stéphane Fermigier, elle est aujourd’hui utilisée par une vingtaine d’écoles primaires, trois collèges et quatre lycées en France.
Si les apôtres du libre sont enthousiastes, que répondre à ceux qui prétendent qu’il est préférable de former les élèves à Windows, le système d’exploitation installé sur environ 90 % des ordinateurs dans le monde ? "Ce n’est pas un argument, affirme Stéphane Fermigier. Personne ne songe à critiquer le fait que certaines professions utilisent esssentiellement des Macintosh, alors que la part de marché d’Apple reste très faible par rapport à celle de Microsoft."
Interrogée par Transfert, Anne Brunel, responsable informatique du Conseil général des Bouches-du-Rhône, n’a pas souhaité répondre à nos questions, car "l’appel d’offres pour les moyens informatiques requis pour l’opération vient d’être lancé".