Le nouveau processeur d’Intel effectue aujourd’hui sa sortie mondiale. Malgré une architecture interne profondément repensée et des records de vitesse en vue, la bête est décevante.
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Enfin ! Avec plusieurs semaines de retard sur le calendrier, les constructeurs démarrent aujourd’hui la distribution des premiers ordinateurs à base de Pentium 4. Successeur du Pentium III (d’ailleurs, pourquoi ne s’appelle-t-il pas Pentium IV ?), ce processeur grand public d’Intel est doté d’une architecture interne toute nouvelle, nommée NetBurst, qui accélère théoriquement le traitement interne des données et permet de monter en fréquence, à 1,4 et 1,5 gigahertz (GHz) pour les deux premiers modèles sur le marché. Le bus système, l’autoroute qui relie le processeur aux autres parties de l’ordinateur, atteint en outre une fréquence de 400 Mhz, soit 3 fois plus que dans le Pentium III. Sur le papier, le Pentium 4 est donc une vraie bombe. En réalité, il ne convainc pas. Les premiers tests prouvent qu’il n’est, en moyenne, que 20 % plus rapide qu’un Pentium III à 1 GHz, et qu’il rivalise tout juste avec les modèles à 1,13 GHz du concurrent AMD. Gilles Granier, DG d’Intel France, l’avoue lui-même : "
Le gain est pratiquement nul pour les applications de type Office." Autrement dit, pour les utilisations les plus courantes.
Le multimédia selon Intel
En fait, le potentiel du Pentium 4 ne peut être exploité par les logiciels actuels. Intel a notamment ajouté un nouveau jeu d’instructions pour le traitement de données multimédias (le SSE-2). Mais pour que le Pentium 4 puisse s’en servir et, du coup, apporter un gain digne de ce nom, une partie des programmes devra être recompilée. Intel refait le coup des instructions MMX du Pentium II et SSE du Pentium III. Problème, ces spécifications n’ont finalement que très peu adoptées par les éditeurs de logiciels. Les éditeurs de jeux avaient notamment préféré porter leurs efforts sur la gestion des cartes graphiques dédiées. Autre inconvénient du Pentium 4 : la mémoire vive utilisée doit absolument être de type RDRAM, un format plutôt cher et pas spécialement performant. De plus, il sera impossible de monter le Pentium 4 en configuration multiprocesseurs. Les amateurs de machines très puissantes (pour l’animation en 3D par exemple) qui sont prêts à mettre le prix ne pourront donc pas se construire un super-ordinateur à partir de deux Pentium 4 (ou plus). Les acheteurs lambda ne s’y retrouveront pas non plus : les premiers prix sont supérieurs à 2 000 dollars (15 500 francs environ). Alors, que faire du Pentium 4 ? Le laisser bonifier : il devrait très rapidement atteindre des fréquences de 2 ou 3 GHz dans le courant du second semestre 2001 sur des serveurs professionnels. Il sera alors temps de vérifier l’intérêt de Netburst.