À Morges, petite ville de Suisse romande, une cantine scolaire accueillant des enfants de 6 à 16 ans vient de s’équiper d’un système de reconnaissance d’empreintes digitales.
"Pour le moment, l’infrastructure technique mise en place fonctionne plutôt bien. Mais les lecteurs ont parfois des difficultés à identifier les empreintes digitales des enfants en bas âge", explique Frédéric Thélin, élu communal de Morges (Suisse romande) en charge de l’instruction publique. "Certains enfants très jeunes [moins de 7 ans, NDLR] présentent des empreintes digitales qui ne sont pas d’une grande netteté. Cela s’explique par une surface réduite de l’extrémité du pouce", poursuit Frédéric Thélin.
Depuis 15 jours, les écoliers de Morges essuient les plâtres d’un nouveau système de gestion de la bonne vieille cantine scolaire. Fini les badges que les enfants égarent : désormais, la réservation des repas et leur facturation s’effectuent par le biais d’une technique de reconnaissance des empreintes digitales. La base de données, dont la constitution a reçu l’aval des autorités suisses, concerne pour le moment 400 élèves dûment inscrits à la cantine. Âgés de 6 à 16 ans, les élèves proviennent des différents établissements scolaires (écoles primaires et collèges) de cette petite ville de 14 000 habitants située sur la rive droite du lac Léman.
Choix des menus la veille
"Lors de la rentrée scolaire, les inscriptions à la cantine se sont déroulées au secrétariat des écoles. Les élèves ont dû apposer leurs empreintes digitales sur un lecteur dédié. Un logiciel a ensuite modélisé les caractéristiques des empreintes. Ce profil est stocké dans un fichier." Ce fichier est crypté, afin de se soumettre aux exigences du respect de la vie privée et de la protection des données. Il renferme le nom de l’enfant et la modélisation informatique de son empreinte. Chaque jour, les élèves sont invités à "pointer" dans l’un des quatre sites de la ville équipés de terminaux informatiques adéquats. Une fois les empreintes digitales identifiées par le système informatique, les bambins choisissent l’un des deux menus proposés pour le lendemain. "Cela permet d’optimiser l’évaluation du nombre et de la nature des repas à servir dans la journée", se réjouit Frédéric Thélin. Selon lui, ce choix se révèle être meilleur marché qu’un système de cartes à code barre. Dans la salle de cantine, les enfants défilent avec leurs plateaux devant un portillon équipé d’un lecteur d’empreintes digitales qui gère également la facturation.
La Cnil n’approuve pas
Et les parents d’élèves ? "Ils ont bien réagi. La polémique est venue de groupes politisés composés d’anciens soixante-huitards qui expriment leur aversion à l’égard des systèmes de contrôle", poursuit l’élu communal. En France, la Cnil (Commission nationale informatique et libertés) a déjà émis un avis négatif excluant du champ d’application de cette technique les cantines scolaires. Cette mise au point faisait suite à l’expérimentation de lecteurs d’empreintes digitales dans une cantine d’un collège niçois. Selon le rapport d’activité 2000 de la Cnil, près de 60 établissements scolaires français avaient manifesté de l’intérêt pour ce genre de dispositifs. Dans son argumentation, la Cnil se fondait sur "le caractère excessif" qu’un tel système "revêtait au regard de la finalité poursuivie". En clair, la gestion des cantines scolaires ne justifie aucunement la mise en place de techniques d’identification des élèves par le biais de leurs empreintes digitales. À moins que cela ne serve à repérer les lanceurs de petits suisses...
Le rapport d’activité 2000 de la Cnil:
http://www.ladocfrancaise.gouv.fr/B...