Depuis un an, les livres oubliés ont trouvé une alternative au cimetière. LaLubie.com, site associatif monté par trois étudiants leur offre une seconde vie.
Une berlue devenue lubie. Quand, en avril dernier, Magali, Pierre et Céline songeaient à baptiser leur site, ils rêvaient du premier terme. La préfecture leur a refusé : l’idée avait déjà été déposée. Après la berlue, vint donc la lubie. Lalubie.com : une opération de sauvetage des livres oubliés et des bouquins perdus. Magali, cheveux bruns mi-long et lunettes cerclées de noir, explique le point de départ : "Chaque année, un nombre impressionnant de livres est publié. Ces livres ont une durée de vie très courte. Nous, on a eu envie de leur offrir une seconde chance." De leur trouver un public. Les trois fondateurs du site baignent depuis toujours dans les livres. Tous les trois sont issus de formation littéraire. Il rêvaient de faire partager leur passion. Le principe pour les internautes amateurs d’œuvres rares : inscription de 150 francs à l’association, choix d’un livre sur la liste affichée en ligne, paiement de la livraison et renvoi d’une fiche critique pour publication sur Lalubie.com. "La première étape, ça a été de démarcher les éditeurs et de les convaincre. On avait quelques contacts dans de toutes petites maisons d’éditions, mais ça n’a pas été facile", explique Magali.
...crire, rien d’évident
Il a aussi fallu convaincre les lecteurs de se mettre à l’écriture. De relater leurs impressions et leurs ressentis. Certains n’ont jamais osé, d’autres ont dit que ce ne serait pas assez bien. Au final, un an après le lancement du site, une quarantaine d’internautes ont déjà validé leur inscription. Un peu de moins de trente jouent le jeu régulièrement. "C’est assez délicat comme exercice. On s’est rendu compte que l’écriture, et plus précisément l’écriture publiée, le texte posé aux regards de tous, faisait peur." Le retour critique des lecteurs est pourtant indispensable. En jeu, la crédibilité du projet. Montrer qu’il y a une production, c’est la seule manière de convaincre les éditeurs de fournir des exemplaires. L’avenir de la lubie reste flou même s’il déborde de projets. Magali lance : "Pour l’instant, l’association ne nous rapporte pas un sou, mais on peut imaginer en faire quelque chose de viable." Pendant le salon du livre, elle est allée démarcher les éditeurs jeunesse. L’idée : intégrer les écoles au projet, faire découvrir aux élèves des auteurs contemporains et leur donner l’occasion d’écrire ce qu’ils pensent.