NetValue présente son portrait statistique semestriel des internautes français : moins de vieux, toujours autant d’hommes et de plus en plus de foyers à bas revenus connectés.
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Le nombre de foyers français connectés à Internet a augmenté de 53,7 % au cours de l’année 2000, passant de 3 010 000 en janvier à 4 718 000 en décembre, selon les résultats de l’étude statistique semestrielle rendue publique par NetValue le 7 février. NetValue est l’une des principales sociétés françaises de mesure d’audience sur Internet. Selon les différents instituts de statistique, dont les méthodes diffèrent, le nombre total d’internautes oscille désormais entre 6,8 millions de personnes (NetValue ) et 8,15 millions (Médiamétrie).
Les seniors peu enthousiastes
En douze mois, cette forte augmentation du nombre d’internautes s’est accompagnée d’une transformation sensible de la composition et des pratiques de la population en ligne. Premier phénomène notable, les seniors (plus de 50 ans) se mettent à Internet beaucoup moins vite que toutes les autres tranches d’âge. Leur part dans la population connectée a régressé au cours de l’année, passant de 17,2 % en janvier à 15,7 % en décembre (en comparaison, les plus de 50 ans représentent 19,3 % des internautes britanniques et 24,4 % aux ...tats-Unis). Dans le même temps, le poids des foyers à bas revenus (inférieurs à 9 900 F par mois) s’est sensiblement accru : quoique encore largement sous-représentée, cette population est passée de 12,9 % des internautes en début d’année à 16,4 %.
Explosion du MP3
Les Français semblent de plus en plus préférer utiliser Internet à leur domicile plutôt qu’au bureau. 58,4 % des personnes interrogées par NetValue se connectent depuis chez eux, contre 50,8 % en janvier 2000. Ils ne sont plus que 37,5 % à surfer depuis leur lieu de travail. "Une conséquence de la politique des chefs d’entreprises qui ont tendance à restreindre la liberté de navigation de leurs employés", analyse Bernard Ochs, vice-président de NetValue. Enfin, parmi les évolutions importantes de l’année 2000, l’enquête de NetValue entérine le succès massif de Napster et des autres systèmes de partage de fichiers. L’audio et la vidéo ne représentaient que 25,8 % du volume de données téléchargées en janvier, contre 40,8 % pour la messagerie électronique. Ces proportions sont passées respectivement à 63,9 % et 23,6 % à la fin de l’année. Exprimé en valeur absolue, le volume d’échange de fichiers audio et vidéo est passé de 2,9 tera-octets (millions de millions d’octets) à 19 tera-octets en l’espace de douze mois ! Par ailleurs, les statistiques de NetValue montrent un succès croissant des sites de loisirs (principalement les sites sportifs) et des sites boursiers. Leurs parts d’audience moyennes ont crû de manière spectaculaire au cours de l’année 2000, tandis que l’audience des médias en ligne, des sites d’art et de culture, ainsi que des sites dédiés à l’informatique stagnait, voire, dans certains cas, diminuait.
Où sont les femmes ?
En revanche, certaines données semblent immuables. L’internaute français type demeure essentiellement urbain. En décembre 2000, la région parisienne représentait par exemple 27,4 % de la population en ligne pour 17,4 % de la population totale. Après avoir fortement augmenté en 1999, la part des femmes parmi les internautes a stagné aux alentours de 40 % l’an dernier. Le Web reste loin de la parité, tandis qu’aux ...tats-Unis, les femmes sont aussi nombreuses que les hommes à utiliser Internet. Enfin, même si le temps moyen passé à surfer a augmenté, passant de 4,7 heures par mois en janvier à 6,2 heures en décembre, il demeure très inférieur aux chiffres américains (11,5 heures) allemands (6,8 heures) ou espagnols (8,7 heures). En Europe occidentale, seuls les Anglais surfent moins que les Français (5,8 heures par mois).
Avec MMXI et eRatings, NetValue fait partie des instituts statistiques privés dont les résultats sont fondés sur l’analyse des pratiques en ligne d’un échantillon représentatif de la population internaute. Moyennant une rémunération de 500 francs par an, les quelque 3 500 membres du panel de NetValue acceptent d’installer un logiciel mouchard chargé de rapatrier depuis leurs PC vers des serveurs toutes les requêtes transmises (adresses des pages chargées, logiciels téléchargés, etc). Cette méthode centrée sur l’usager ("user centric") s’oppose aux techniques dites "site centric", (Cybermétrie, une marque de Médiamétrie, eStat et Xiti) qui consistent à étudier la fréquentation à partir de marqueurs invisibles (des "tags") placés dans les pages web des sites mesurés.
La qualité des mesures "users centric" dépend principalement de la représentativité du panel étudié. Contrairement aux mesures d’audience de la télévision, celles du Net doivent rendre compte d’une population qui évolue sans cesse. NetValue et ses concurrents affirment que leurs panels sont rééquilibrés tous les mois. Des écarts importants demeurent pourtant entre les chiffres avancés par les uns ou les autres. Plus que des valeurs numériques, qui sont soumises à caution, mieux vaut donc retenir de ce genre d’études de grandes tendances et des ordres de grandeur.