Le festival des Rendez-vous électroniques devait célébrer pendant quinze jours, arts et musiques technos. Mais l’...lectrocadéro, nouvelle formule de la Technoparade parisienne, a été annulée par la préfecture de police.
Les quatrièmes Rendez-vous électroniques (ReVE) se sont ouverts mercredi 5 septembre à Paris sur... une annulation. Celle de l’...lectrocadero, successeur de la Technoparade qui clôt chaque année la quinzaine de ce festival consacré aux arts et musiques électroniques. Une gigantesque fête devait rassembler le 15 septembre des milliers de ravers sur le site du Trocadéro et la place de Varsovie. Mais, le 30 août, l’association Technopol, organisatrice du festival, a reçu un fax de la préfecture de police lui interdisant d’exploiter ces lieux. Le dossier était pourtant en cours de finalisation et avait reçu, en juillet, un accord de principe, malgré l’opposition du maire du XVIe arrondissement de Paris, Pierre-Christian Taittinger (DL) et de son homologue du VIIe, Martine Aurillac (RPR). "Nous avions prévu neuf scènes, des DJs venus de toute la France devaient mixer à tour de rôle. Nous avions le plus beau dance-floor jamais espéré : face à la Tour Eiffel ! Pour la première fois, on offrait aux musiciens d’excellentes conditions pour s’exprimer", explique Brice Mourer, 28 ans, président de Technopol. Après les chars de la Technoparade, qui, dans un contexte répressif, avaient mis la musique électronique à la portée de tous, Technopol voulait en effet "miser, cette année, sur le qualitatif plus que sur le quantitatif".
Victoires symboliques
Seule solution de rechange envisagée, après de longues discussions avec les autorités : le Champ-de-Mars. "Ils nous imposent d’être hors-la-loi, nous n’avons plus le temps de présenter des dossiers légaux et de sécurité dans les délais", râle Brice Mourer. Le coût d’un déménagement, deux semaines avant l’événement, est de plus de 300 000 francs, sans compter les frais de communication déjà déboursés. "Il n’y a pas l’électricité au Champ-de-Mars, le dispositif de sécurité est plus compliqué à mettre en place, note Bruno Asselin, trésorier de l’association. Nous n’avons pas encore bouclé nos budgets. Il y aura forcément une fête, mais nous ne sommes pas encore en mesure de dire où, ni dans quelles conditions." Présente lors de l’inauguration du festival, la ministre de la Culture, Catherine Tasca, a promis son soutien pour trouver une solution. Si, contrairement à Berlin ou Barcelone, Paris continue à bouder la musique électronique, les organisateurs des ReVE peuvent se consoler avec quelques victoires symboliques. Le centre Georges Pompidou offre ainsi à Technopol les 1 250 m2 de son rez-de-chaussée pour installer sa "Maison des rendez-vous électroniques", ouverte au public de 11 heures à 22 heures. "La musique électronique fait partie de l’environnement artistique de notre pays", a expliqué Serge Laurent, le programmateur des Spectacles vivants de Beaubourg, lors de l’inauguration du festival.
Goût amer
De même, les musés nationaux prêtent la Conciergerie et l’Hôtel de Sully pour des performances les 7 et 8 septembre. Et une subvention d’un million de francs a été versée par les services publics (ministères de la Culture, de la Jeunesse et des Sports...) pour l’organisation du festival. Catherine Tasca a d’ailleurs annoncé le lancement, en partenariat avec France-Culture, d’un site web (www. saison-numérique.org), consacré aux événements liant création et technologie en France. La ministre s’est également félicitée du développement régional des Rendez-vous électroniques. Le festival propose, cette année, quelque 300 évènements dans une centaine de lieux, de Lille à Marseille en passant par Nantes, Montpellier ou Lyon. "Pour nous, c’est l’un des changements majeurs de cette édition, explique Brice Mourer. Nous voulions absolument montrer le dynamisme des scènes locales." Les expositions devraient confirmer la bonne santé du festival. Art outsider, consacré à la création numérique, souffle sa seconde bougie et offre de belles surprises. De son côté, Sampling propose un évènement multi-support sur le thème des machines, en trois Epizones, de septembre à février 2002. L’Epizone 1 (5 au 7 septembre) est axé sur la thématique de l’eau. Vous pourrez ainsi crawler dans la piscine Georges Hermant (XXe arrondissement de Paris) en écoutant des mix de DJ Morpheus, Sutra ou Octet et en regardant des vidéos. Programmation étoffée, soutien du ministère de la Culture... Malgré tout, Brice Mourer garde le goût amer de l’annulation de son Electrocadero. "On a l’impression qu’on avance, on est conscient et fier de la reconnaissance de nos partenaires. Mais on est jamais à l’abri d’un retour en arrière."