En créant Adminet, un site mettant en ligne des informations publiques, Christian Scherrer ne se doutait ni du succès d’audience, ni des problèmes administratifs qu’il aurait...
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Quand et comment avez-vous découvert Internet ?
En fait, comme beaucoup d’étudiants et de chercheurs, j’ai utilisé Internet dans ma jeunesse, en 1971/72 au tout début. Puis, engagé dans la vie active, je l’avais oublié complètement, jusqu’au jour où un collègue professeur m’a demandé mon adresse électronique ! Je me suis alors avisé que, comme tous mes collègues de la haute administration, nous étions en train de passer à côté de l’évolution, et il m’a fallu retourner à mon école d’origine, l’...cole des mines de Paris, pour obtenir une adresse, un accès à un serveur, et retrouver mes vieilles habitudes, là où je les avais laissées 25 ans plus tôt. Mais cette fois, le Web était là.
Quand avez-vous compris que cela allait vraiment décoller en France ?
Un simple regard en 1994 sur le décollage de MOSAIC, VERONICA, outre-Atlantique permettait de deviner que la vague allait arriver en Europe.
Comment avez-vous vécu la période automne 1999-printemps 2000 ? Que faisiez-vous ?
J’étais dans l’administration. J’animais AdmiNet, qui est un serveur très ancien, complètement atypique et relativement a l’abri des sautes d’humeur de la conjoncture et de la mode, car c’est un projet à long terme, ancré dans l’Internet.
Comment analysez-vous aujourd’hui cette frénésie de huit mois ?
C’est tout simplement l’éclatement d’une bulle, comme tous les esprits sensés l’avaient d’ailleurs annoncé.
Quel a été, selon vous, le signal de la chute des dotcoms ?
Je ne sais pas, mais pour qu’une bulle éclate, il n’y a pas besoin de signal.
Que faites-vous aujourd’hui ?
La même chose qu’avant.
Croyez-vous toujours autant à Internet ?
Mes certitudes n’ont pas varié. Elles sont nées à une époque où quasiment personne (hormis des gens comme Bruno Oudet) n’y croyait.
Croyez-vous au commerce en ligne ? Croyez-vous à l’avenir du Web non marchand ?
Je crois aux deux : marchand et non marchand.
Comment voyez-vous les années à venir ?
On va vers plus de maturité. On reviendra aux vraies valeurs, celles qui ne sont pas construites sur des illusions.
Croyez-vous toujours dans ce qu’on a appelé la « netéconomie » ?
Je crois que l’économie est un tout, qui ne peut pas se diviser. Quand le téléphone et le fax sont arrivés, l’économie en a tiré les avantages. Elle fera de même avec l’Internet. Le concept de netéconomie est à l’économie ce que celui de jet society est à la société : une petite minorité privilégiée en tirera réellement avantage. Les autres en rêveront en lisant des magazines.
Quelles vont être, selon vous, les futures grandes échéances et que vont-elles apporter ?
On va redécouvrir que la terre est ronde, que le monde est fini et l’on sera plus attentif à la fragilité de cet écosystème. Ça permettra de gagner au moins quelques années.