"Nous dénonçons une fois de plus l’amalgame musique techno = drogue" [Sophie Bernard]
Studio 287 à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), Métropolis (Val-de-Marne), Folie’s Pigalle (Paris)... Depuis quelques semaines, les descentes de police et les fermetures administratives pleuvent sur les discothèques et clubs parisiens. L’analyse de la situation par Sophie Bernard, directrice de l’association Technopol, qui organise notamment les Rendez-vous électroniques et la Techno Parade.
Plusieurs clubs technos parisiens viennent d’être fermés par les autorités. Votre réaction ?
Technopol ne veut pas prendre parti sur les raisons qui ont poussé les autorités à fermer ces clubs. Mais il n’y a aucun lien entre la façon dont un patron de club gère son établissement en matière de sécurité ou de politique sociale et la musique diffusée dans cet endroit. Ce que nous dénonçons, c’est une fois de plus l’amalgame musique techno=drogue. Depuis dix ans, on porte préjudice à l’ensemble d’un mouvement artistique... De plus, d’autres structures ont actuellement des problèmes, comme la Flêche d’or (un café parisien organisant des concerts). On s’inquiète d’une éventuelle politique de nettoyage, d’une volonté de mettre la pression sur des lieux, associatifs ou non. Et pas seulement à Paris.
Comment lutter contre l’amalgame que vous dénoncez ?
Depuis 1996, Technopol tente de défendre et de promouvoir les musiques électroniques. Cela passe par le dialogue avec les pouvoirs publics, qu’il s’agisse du ministère de l’Intérieur ou celui de la Culture. Il faut expliquer les problèmes que rencontrent les organisateurs de fêtes sur le terrain. Parfois, nous intentons des procès pour abus de pouvoir. Nous avons également déposé un recours devant le Conseil d’Etat, dont nous attendons la décision ce mois-ci. Notre inquiétude concerne le décret d’application de l’article 53 de la Loi sur la sécurité quotidienne (LSQ). Il existe déjà d’autres lois et ce texte, pas très clair, ne fait pas avancer les choses. Ce décret irait bien au-delà des intentions de la LSQ, il porterait une atteinte fondamentale au droit de réunion et d’expression musicale.
Technopol a lancé en mai 2002 un Observatoire de la fête (ODF). Quel bilan tirez-vous ?
Le but de l’Observatoire, c’est de montrer que, malgré les bonnes volontés officielles affichées, les problèmes restent concrets. De compiler les faits et les preuves pour faire remonter l’information vers le ministère de l’Intérieur. Nous allons certainement y inclure les problèmes rencontrés par les clubs, car ces fermetures entraînent la disparition de lieux d’expression musicale. On vante partout la French Touch, la créativité et l’énergie du milieu de la musique électronique française, mais il faut bien qu’elles s’expriment dans des lieux, dans des fêtes... Beaucoup de jeunes structures tentent de se professionnaliser, d’organiser des choses dans un cadre légal. Ce n’est pas par la répression que l’on va les encourager, mais au contraire par l’information, la formation et le dialogue en amont.
Le site de Technopol:
http://www.technopol.net
Un forum sur la fermeture du Folie’s Pigalle (Parissi.com):
http://www.parissi.com/interactif/v...