Netscape sort la version finale de sa suite Internet qui, au contraire d’Internet Explorer de Microsoft, est disponible en version Linux. Mais quelques imperfections techniques font grogner les développeurs.
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Les utilisateurs l’attendaient depuis avril dernier, date à laquelle la version bêta était mise en ligne : la mouture finale de Netscape 6 est désormais disponible, en anglais mais aussi en français, sur le site national de l’éditeur. Désormais dans le giron d’AOL, Netscape Communications, qui a connu son heure de gloire il y a quelques années avec près de 90% de parts de marché pour son navigateur web, est aujourd’hui complètement dépassé par le logiciel concurrent de Microsoft. Livré avec presque tous les PC, Internet Explorer est effet utilisé sur 70% des micro-ordinateurs. Netscape est d’ailleurs à l’origine du procès anti-trust de Microsoft. Mais, ironie du sort, AOL est lié à Microsoft et se doit d’utiliser Internet Explorer sur son service en ligne.
Linux, terminaux internet et contenu
La guéguerre des navigateurs semble donc bel et bien terminée. Et Netscape lorgne désormais vers de nouveaux marchés. Netscape 6 a été complètement réécrit par une équipe de développeurs indépendants au sein du projet open source Mozilla. Il intègre la nouvelle technologie Gecko, un moteur d’affichage maison supposé gérer tous les standards validés par le W3C (World Wide Web Consortium). Gecko est par ailleurs au cœur du terminal internet domestique que Gateway et AOL présentaient la semaine dernière. La suite internet fonctionne sous Windows, mais aussi sous Mac OS et Linux (versions disponibles en anglais et prochainement en français), à la différence d’Internet Explorer. Netscape 6 met également en avant son contenu, avec par exemple, pour la version française, un fil info signé Le Monde et des propositions de voyages de Lastminute.
Des bugs
Les utilisateurs avaient plutôt bien accueilli la version bêta de Netscape 6 (3,5 millions de téléchargements), et il devrait en être de même pour la version finale. Côté développeurs, en revanche, c’est la grogne. David Flanagan, auteur de livres informatiques de référence sur Java (le langage de développement de Sun) y allait se son couplet, le 6 novembre dernier, sur le site de son éditeur O’Reilly : "Netscape va lancer la version 6.0 de son navigateur alors qu’il y a en fait de sérieux problèmes de compatibilité avec les standards ouverts. J’écris pour exprimer ma consternation concernant le nombre de bugs dans le programme." Suit une liste de problèmes concernant en particulier des fonctions Java défaillantes et un appel à signer une pétition électronique contre ce comportement irresponsable de Netscape. Deux jours plus tard, submergé d’e-mail passionnels, et souvent vachards, il était alors contraint de faire une mise au point. "Je ne l’ai peut-être pas assez dit : Netscape et les ingénieurs Mozilla ont fait d’énormes efforts pour créer un navigateur compatible avec les standards actuels. (...) Mais il y a des bugs flagrants qui auraient été faciles à corriger." Finalement, la compétition entre Microsoft et Netscape se joue désormais sur un autre terrain : c’est à qui alignera le plus grand nombre de bugs par ligne de code...