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Mosaïque du Monde, c’est un joli nom pour une association. L’histoire de deux passionnés partis en Afrique connecter les écoles en rêvant d’échanges entre les enfants.
Ils sont partis la première fois à la fin de leurs études. Partis au volant d’un camion jaune dit "la cacahuète", sillonner l’Afrique pour y apporter des ordinateurs. À l’époque, le partenaire qui devait leur livrer le matériel les lâche au dernier moment, la veille du grand décollage. Ils arrivent à Dakar les mains vides, se posent dans un télécentre (cabine téléphonique locale), bottin sur les genoux et appellent un par un les vendeurs de la ville. L’un d’eux répond : "OK, je vous donne deux machines". Le projet, Les fruits du Baobab démarrait. Connecter les écoles africaines au réseau mondial, former les instituteurs et créer un échange entre élèves francophones.
En dix mois, quatre Français de 24 ans mettent en place cinq points d’accès à Internet sur le continent africain. C’était en 1999. Deux ans plus tard, l’aventure s’est institutionnalisée. L’association s’appelle désormais Mosaïque du monde, dispose d’un local à Paris, salarie trois personnes, dont deux des fondateurs, Blaise et Christophe. Une troisième, Stéphanie anime le site internet. "L’idée est maintenant de fédérer les écoles. La dynamique est lancée, on est passé à l’étape suivante", explique Christophe. Mosaïque du Monde n’a pas pour ambition de connecter toute l’Afrique et compte pour cela sur l’effet boule de neige. L’idée désormais est de devenir une référence en contenus pédagogiques. Le site propose déjà quelques premiers travaux d’école, des chants d’enfants, des vidéos, des exposés ou des correspondances. Un partenariat avec France Télécom devrait aboutir dans quelques semaines à un générateur de pages HTML : les écoles membres du réseau pourront ainsi facilement créer leur site hébergé sur celui de Mosaïque et présenter leurs travaux multimédias.
Les hussards du Web
Pour autant, les deux copains n’ont pas arrêté de voyager. "Partir sur le terrain est essentiel dans notre projet. C’est comme ça qu’on fait connaître notre association et qu’on rencontre des gens intéressants", acquiesce Blaise. Ils reviennent d’ailleurs de Cotonou, au Bénin. Un projet financé par le Fonds francophone des inforoutes : dix ordinateurs tout neufs qu’ils ont amenés de France pour un groupe scolaire d’un vieux quartier de la capitale béninoise. Ils y sont restés deux semaines, ont installé les machines avec les gamins (voir l’animation) et formé les instituteurs. Avant de revenir sur Paris, un petit tour au Togo pour dire bonjour aux enfants de Lomé, et leur apporter trois ordinateurs supplémentaires - l’école a été connectée l’année dernière. "Ça tourne bien. Pour nous le prouver, l’instit a demandé à un des élèves d’envoyer un courrier électronique. L’enfant a d’abord récité la leçon : pour envoyer un courrier électronique, je clique sur le bouton, j’écris l’adresse de mon correspondant... C’était marrant. L’instit de Lomé est hyper carré, tout se fait selon la règle du par cœur. Un peu comme nos hussards du début du siècle."
Vivre en Afrique ? Les deux hésitent, puis lâchent un "non" pas très catégorique. Christophe dit qu’il n’est pas encore prêt pour se poser quelque part. Blaise préfère sourire : "C’est vrai qu’on nous a offert un terrain à 30 km de Ouagadougou avec une case..."