Pourquoi avoir quitter Monsieurcinema.com, société que vous aviez fondé ?

Céder notre société à Liberty Surf [en juillet 2000, NDLR] était un choix, car l’adossement à un grand groupe offrait les moyens de notre développement. En outre, cela constituait pour Edouard Morhange et moi-même une bonne opération financière, même si l’essentiel de la transaction s’est faite par échange d’actions. Bien entendu, nous étions conscients que cela réduirait notre liberté d’initiative, mais nous étions d’accord avec Liberty Surf sur la stratégie à suivre. Malheureusement, lorsque Tiscali a repris Liberty Surf en février 2001, beaucoup de dirigeants ont été remplacés, Tiscali a manifesté une volonté de reprise en main des filiales et des divergences sont apparues. ...douard et moi avions donc le sentiment que notre présence n’était ni appréciée, ni capitale dans la mesure où notre marge de manœuvre était de plus en plus limitée. Pour finir, le groupe a clairement fait comprendre qu’il souhaitait nous voir partir.

Sur quels points portaient vos désaccords ?

Le développement, déjà entamé, du commerce électronique sur Monsieurcinema.com ne me posait aucun problème, dans la mesure où le site marchand ne prenait pas le pas sur le site de contenu. Car notre crédibilité provient de notre contenu, pas de notre catalogue. En revanche, j’avais en tête d’orienter l’activité de Monsieurcinema.com vers celle d’agence de contenus diversifiée dans plusieurs médias, tandis que le Liberty Surf de Tiscali se concentre exclusivement sur Internet. En outre, je n’étais pas d’accord avec leur choix d’opérer immédiatement des licenciements dans une logique d’économie. Je trouve dommage qu’ils ne nous aient pas laissés déployer notre stratégie, parce que nous maîtrisons bien cette activité. Cela fait plusieurs années que nous travaillons dans le secteur, alors que Rafi Kouyoumdjian [président de Liberty Surf qui s’est nommé PDG de Monsieurcinema.com, NDLR] n’y connaît pas grand-chose et, surtout, n’a pas de temps à y consacrer. Il va falloir qu’il trouve quelqu’un, dans le groupe ou ailleurs.

Comment votre départ est-il perçu par les équipes ?

C’est, je crois, une déception pour nous comme pour ceux qui restent, car nous avions passé de formidables moments ensemble et l’équipe était soudée. Cela dit, personne n’est irremplaçable : le site et les équipes peuvent continuer à tourner sans nous. Ce qui est certain, c’est que l’état d’esprit n’est plus le même. Dans ces conditions, il n’est pas exclu que certaines personnes souhaitent partir.

Qu’en est-il du conflit sur les noms de domaines

Jean-David Blanc, ayant cédé sa société à CanalNumédia, a été, tout comme nous, contraint à la démission. Mais avant son départ, nous sommes parvenus à un accord. Nous avons renoncé à nos demandes de dommages et intérêts tandis que, de son côté, Jean-David Blanc nous restituait tous les noms qu’il avait déposés. Il n’y a eu in fine ni gagnant ni perdant dans cette affaire.

Avez-vous déjà des projets pour l’avenir ?

J’ai un projet dans le secteur de l’audiovisuel et du cinéma, mais je voudrais le valider auprès de quelques interlocuteurs. Avec ...douard Morhange, nous avons une autre idée pour retravailler ensemble, car, bien que très différents, nous avons apprécié notre complémentarité. Je suis ouvert aux propositions, tant qu’elles me laissent une certaine autonomie. J’ai notamment une proposition aux ...tats-Unis, sur la côte ouest. Je pars y passer une quinzaine de jours pour en savoir plus