Monsanto affiche sur son site Internet un gène breveté intervenant dans la production d’un riz miracle transgénique. Se faisant, la firme sème la confusion dans les rangs des anti-OGM.
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Le 3 août dernier, Monsanto s’est offert un coup de pub, dont il a le secret. Ce jour-là, Hendrick Vefaillie, directeur général de la firme agronomique, annonce lors d’une conférence en Inde que la multinationale renonce aux éventuelles royalties liés à son brevet sur le "riz doré", destiné aux pays en voie de développement. Sur son site www.rice-research.org, Monsanto rend public la séquence d’un gène essentiel à la production de ce riz. Seulement voilà, le riz en question est transgénique. D’où une certaine pagaille dans les rangs des anti-OGM, tiraillés entre leur aversion pour les manipulations de Monsanto et leur soutien aux pays pauvres.
Riz miracle
Ce " riz doré " est en effet un élément majeur de la lutte contre la malnutrition. Il tire son surnom du béta-carotène qu’il contient. Cette molécule, dans l’organisme humain, devient de la vitamine A. La carence de cette vitamine cause la mort d’un million d’enfants dans le monde chaque année. 140 à 250 millions d’enfants en sont affectés et 300 000 autres en perdent la vue. Le riz ordinaire en produit bel et bien, mais dans l’enveloppe du grain éliminé lors de la première transformation de la céréale. Depuis dix ans, les chercheurs travaillent à la mise au point de gènes modifiés capables de faire produire cette molécule dans le grain de riz consommé. A première vue, la révélation par Monsanto de la séquence d’un des gènes constitue un geste d’une grande générosité.
70 brevets différents
Ce n’est pas aussi simple. D’abord parce que ce riz, qui n’en est qu’au stade expérimental, est protégé au total par 70 brevets différents que se partagent 30 firmes dans le monde. De plus, " le riz doré, commercialement, n’est pas stratégique, explique un expert du marché chinois. Les enjeux autour du prix de cette céréale dans le monde sont tels que, décemment, aucune compagnie ne peut augmenter le prix de la semence de riz pour se rémunérer ". Bref, Monsanto n’a pas pris trop de risques sur ce coup-là.
Quant aux pays pauvres, ils devront encore patienter avant de pouvoir planter et récolter le riz miracle. Il faudra d’abord convaincre les 30 autres compagnies semencières détenant les brevets de suivre l’exemple de Monsanto. "Surtout, il faudra croiser le plant transgénique avec des variétés adaptées localement, explique Emmanuel Guiderdoni, directeur de recherche au CIRAD (1). Ce qui prendra encore des années."
(1) Centre international de recherche agronomique en coopération pour le développement
Le site de Monsanto avec la séquence du gène
http://www.rice-research.org