Une pétition en ligne destinée à sauver une jeune nigériane d’une mort par lapidation prononcée par un tribunal islamique, a trouvé des relais efficaces en France et en Italie. Déjà une manifestation à Rome. Et demain à Paris, devant l’ambassade du Nigéria.
Condamnée pour adultère
3200 signatures pour sauver une femme d’une mise à mort moyenâgeuse. Sur le site d’Afrik.com, des internautes de toute l’Europe se sont mobilisés, depuis trois mois autour d’une pétition. Elle est destinée à sauver Safiya Husseini Tungar-Tudu, une Nigériane de 35 ans, condamnée le 9 octobre dernier à mourir par lapidation, pour adultère.
La sentence, rendue par un tribunal de la cour islamique de Sokoto, au Nigéria est inhumaine : elle doit être enterrée jusqu’au cou, et être tuée à coup de pierres.
Face à une telle information, la rédaction parisienne d’Afrik.com, le portail de l’Afrique, se mobilise. Comment lutter contre cette sentence ?. S’associer aux ONG, faire circuler une pétition commune ? Réponse de certaines organisations : " Chacun ses personnes à sauver "se souvient Olivia Marsaud, la journaliste qui met en ligne un premier édito indigné, évoquant la situation de la jeune femme. Sur le forum, les messages pleuvent. La rédaction décide alors d’afficher une pétition à la une de son site. Entre temps, les informations concernant la jeune Nigériane se précisent.
Procès ajourné
Safiya a donné naissance à une petite fille, Adama, en février dernier. Elle était alors divorcée. Selon la Charia (loi islamique) réintroduite en 2000 dans plusieurs états du Nigéria, une femme, même divorcée, commet un adultère si elle a des relations sexuelles sans être remariée. La grossesse est la seule preuve requise. Le tribunal islamique la condamne à mort par lapidation, et la sentence doit tomber 144 jours après la naissance de son enfant : le samedi 13 janvier. Mais la jeune femme fait appel de la sentence. Le procès devait se dérouler ce lundi 14 janvier, et ses avocats y plaider non coupable : Safiya aurait été victime d’un viol. Ses défenseurs envisageaient aussi de soulever un vice de forme survenu lors du premier procès : l’infraction présumée date d’avant l’entrée en vigueur de la loi islamique dans l’Etat.
Coup de théâtre ce lundi 14 janvier : selon une dépêche de l’Agence France- Presse, le procès de Safiya Husseini Tungar-Tudu est ajourné au 18 mars prochain. Safiya est revenue sur ses déclarations concernant son viol.
Manifestation
D’ici là, la jeune Nigériane pourra rester dans son village, car selon la loi islamique, elle est libre de rester avec sa famille tant que le jugement final n’est pas prononcé. Sur les forums d’Afrik.com, les internautes lancent des appels pour faire venir Safiya et sa fille en France, demandent à la rédaction d’Afrik de l’héberger, de collecter des fonds pour l’aider...L’équipe sera demain, mardi 15 janvier à 18h30, devant l’ambassade du Nigéria à Paris, aujourd’hui submergée par toutes sortes de pétitions. Les 3200 signatures et messages recueillis sur le site d’Afrik.com seront imprimés et déposés à l’ambassade. Les messages et les signatures sont également acheminés au Président nigérian et à l’Onu.
Déjà, le mercredi 9 janvier, quelques centaines de personnes avaient manifesté devant l’ambassade du Nigeria à Rome. Sur le réseau italien, circulait aussi
un autre appel à pétition
adressée à la représentation nigériane en Italie." On ne pensait pas faire autant de bruit. On a noté une forte concentration d’internautes italiens parmi les signataires de la pétition" précisent Olivia Masaud et Antoine Ganne, journaliste et PDG du site Afrik.com. La pétition d’Afrik qui a peut-être amorcé le mouvement en Italie sera-t-elle suivie d’autant d’effets à Paris ?