Vendredi 23 mars, la station spatiale russe Mir explosera au-dessus de l’Océan pacifique. Une fin spectaculaire qui suscite inquiétude, étonnement et délires en tout genre.
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Cette fois, c’est la fin. Le dernier épisode de la saga Mir se déroulera le vendredi 23 mars. Et s’achèvera définitivement vers 7 h 20 (heure de Paris), par un dernier feu d’artifice. Après 15 ans de bons et de moins bons services, caractérisés par un enchaînement de pannes et de rafistolages à peu près aussi médiatisés que la grossesse de Céline Dion, la station orbitale russe partira en fumée quelque part au-dessus de l’Océan pacifique, entre le Chili et la Nouvelle-Zélande.
Sous perfusion depuis 10 ans
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En service depuis février 1986, Mir ne mourra pas de sa belle mort : sa destruction est programmée depuis belle lurette et régulièrement reportée depuis... dix ans ! En effet, la durée de vie de la station, initialement prévue pour cinq ans, n’a cessé d’être rallongée. Il y a quelques jours, l’Iran avait même proposé de financer son exploitation pendant encore deux ou trois années supplémentaires ! Mais cette proposition est arrivée trop tard : cette fois-ci, les experts russes sont fermement déterminés à faire disparaître Mir. En janvier dernier, ils ont arrimé le vaisseau Progress à la station spatiale. Sa mission : donner, grâce à ses moteurs, les trois impulsions fatales qui feront descendre Mir dans l’atmosphère. Ces coups de freins surpuissants auront lieu vendredi matin à 00 h 33 GMT (soit 1 h 33 à Paris), 02 h 02 GMT, et à 5h00 GMT. Une fois parvenue à 130 kilomètres au dessus de la Terre, le frottement de l’air, alors devenu intense, provoquera la chute fatale de la station. Celle-ci se consumera alors, en grande partie dans l’atmosphère.
Les Japonais et les Fidjiens aux abris
En partie seulement. Selon l’agence spatiale européenne, 20 à 30 % des 130 tonnes de la station pourraient en effet survivre à l’explosion. Vers 7 h 20 (heure de Paris), les débris de la station devraient tomber sur Terre. Certains morceaux de titane et d’acier pèseront jusqu’à 700 kilos ! D’après la mission de contrôle russe (la TsUP) chargée des opérations, ces débris tomberont dans une surface bien délimitée de l’Océan pacifique, qui s’étend sur 3 400 km et 200 km de large. Malgré ces assurances, une question brûle toutes les lèvres : Mir peut-elle s’écraser sur nos têtes ? Dans les régions situées à proximité de la zone de retombée des débris, comme le Japon, la Polynésie ou l’île de Pâques, les autorités locales ont informé la population et ont pris certaines mesures concernant les trajets des avions et des navires qui croisent dans la région. Les gouvernements japonais et fidjien ont recommandé à la population de ne pas sortir pendant et après l’explosion. D’après l’Agence spatiale européenne, il y a un faible risque pour que des débris tombent en Europe. Si c’était le cas, ils s’écraseraient à la latitude exacte de 51,6 degrés nord. Ce qui correspond à une ligne Londres, Berlin, Varsovie. Une seule entreprise a parié sur le lieu exact de l’impact : Taco Bell, qui a placé une cible flottante géante dans le Sud Pacifique. Si un des débris de Mir atteint la cible, la firme s’engage à offrir un taco à chaque citoyen américain !
L’explosion en direct live
Certains privilégiés assisteront, en direct live, aux derniers souffles du laboratoire spatial. L’un des trois avions chargés de filmer l’événement pour le site mirrentry.com devrait en effet emmener une cinquantaine de passagers venus admirer l’explosion. Un voyage inoubliable, que Mirrentry proposait pour 6 500 dollars (environ 50 000 francs). Ceux qui sont restés à terre pourront tout de même admirer la retransmission de la disparition de Mir, diffusée en direct sur de nombreux sites web. Mais pour se faire une idée du spectacle offert par la destruction du plus volumineux vaisseau spatial jamais détruit avant l’heure fatidique, les internautes peuvent d’ores et déjà regarder l’animation proposée sur le site - particulièrement bien documenté - de l’Agence spatiale européenne.