Au Mexique, le PRI, chassé du pouvoir, a décidé de faire (enfin) le bonheur du peuple en favorisant des rencontres sur Internet.
Enfin une bonne nouvelle : il suffit qu’un parti au pouvoir perde les élections pour qu’il tienne ses promesses les plus folles. Au Mexique, tout au moins, c’est déjà le cas. Le PRI (Partido revolucionario institucional : le parti révolutionnaire institutionnel), qui a présidé aux destinées du pays pendant 71 ans s’est orienté en ce sens. Chassé du pouvoir au mois de juillet 2000, il a entamé sa révolution personnelle sur Internet et propose désormais de faire, via son site, des rencontres galantes. Web en étendard, il repart à la conquête des esprits en commençant par les plus tendres : les jeunes et les femmes. Ce qu’il propose aux premiers (outre un argumentaire politique propre à les séduire), tous les partis du monde le vendent peu ou prou dans leurs programmes : cela s’appelle le bonheur. Pour le PRI, il s’agit donc de l’amour, qui peut en constituer l’une des formes.
Rencontre médiatisée par le Parti
Il suffirait, ainsi, de cliquer sur une image rectangulaire incrustée à la une de son site, où figure un gros cœur jouxtant un jeune couple rieur, pour accéder au Nirvana... Dans les faits, la procédure s’avère plus prosaïque. Au cliquage, un questionnaire s’affiche et, après l’avoir rempli (nom, date de naissance, profession etc), il faut répondre à un quizz. Définir ses qualités personnelles (introverti, honnête, sportif, agréable), un éventail de ses valeurs universelles préférées (égalité, patrie, bien-être, famille), de ses idéaux (continuer d’étudier, la stabilité économique, aider ses parents, s’amuser), de ses passe-temps, et de l’endroit d’où l’on consulte Internet (cybercafé, bureau). À l’issu de ce remplissage, on peut entrer en contact avec d’autres candidats à l’amour. Dans son "projet de déclaration de principes" du mois de janvier 1929, le PRI inscrivait la "prééminence des intérêts de la collectivité sur les intérêts privés ou individuels". ...volution ou révolution ? Pour s’attraire les faveurs du peuple, la Rome antique s’en remettait au pain et aux jeux, les politiques modernes au rasage gratis. Le PRI mexicain, lui, a décidé de fournir de l’amour au peuple.