Réunis au Cern, à Genève, des scientifiques ont apporté la preuve de la préférence de la Nature pour la matière plutôt que pour l’antimatière.
À la naissance de l’Univers, lors du big-bang, la matière et l’antimatière ont été créées, pense-t-on, en quantités égales. Puisque matière et antimatière s’annihilent mutuellement, nous ne devrions donc pas être là. Et pourtant...
Des millions de désintégrations
Depuis près de 40 ans, les scientifiques tentent de percer ce mystère. Pour expliquer la préférence de la nature pour la matière, ils étudient en particulier l’effet quantique CP (charge-parité). Pendant plusieurs années, seize laboratoires européens ont mené au Cern (Laboratoire européen pour la physique des particules, à Genève) une vaste série de mesures sur une vingtaine de millions de désintégrations de particules (des mésons K neutres) et d’anti-particules correspondantes. Ils ont alors observé un écart significatif des taux de désintégration de la matière et de l’antimatière, prouvant statistiquement la violation directe de l’effet CP. Et donc le déséquilibre entre matière et anti-matière.
Depuis près de 40 ans
La violation de CP a été observée pour la première fois en 1964 au laboratoire de Brookhaven (...tats-Unis). L’origine du phénomène restait toutefois mystérieuse. Il fallait étudier d’autres particules en quantité plus importante pour conclure. Les premières recherches (concurrentes) ont été menées au Cern et au Laboratoire Fermi (...tats-Unis). Mais les résultats publiés en 1993 n’étaient pas suffisamment précis pour permettre d’affirmer que la violation directe de CP était bien réelle. Le Cern et le Laboratoire Fermi sont donc repartis en campagne, pour aboutir, côté Cern, à ce résultat annoncé le 10 mai dernier. Mais les chercheurs n’en ont pas terminé : entre l’origine de la masse et les explications du big bang, il reste encore bien assez de matière à réflexion.