L’hebdo marocain interdit par le gouvernement, s’apprête à lancer un site internet destiné à informer les internautes sur sa situation.
"Assurer une présence sur Internet." Ne pas tomber dans l’oubli. Après l’interdiction définitive de publication qui a frappé Le Journal et Assahifa (son édition en arabe) le 2 décembre dernier, l’équipe de l’hebdo marocain a décidé de rebondir sur la Toile. Le Journal va ouvrir dans les prochains jours une vitrine sur le réseau des réseaux. C’est "une solution temporaire en attendant l’autorisation de lancer un nouveau titre dans les kiosques", confie une journaliste de la rédaction du Journal. Le site sera avant tout un espace d’échanges et de débats, un outil pour informer en temps réel les internautes sur l’évolution de la situation de l’hebdo marocain. Il accueillera également une édition électronique du Journal, actualisée deux fois par semaine. En mai 2000, Le Journal avait été censuré une première fois par le gouvernement marocain. La reproduction des articles interdits sur le site du Nouvel Observateur avait permis de contourner la censure. "Les Marocains ont pu consulter l’édition censurée au Maroc par le biais du réseau", se félicite Aboubakr Jamai, le directeur de la publication. Toutefois, la Toile n’est pas, pour l’un des rares hebdos indépendants marocains, un eldorado.
La survie passe par le papier
"Un journal ne peut pas survivre exclusivement sur Internet", explique Aboubakr Jamai. Avant la décision des autorités marocaines de bâillonner la rédaction du Journal, l’hebdomadaire arrivait en tête des titres francophones par le nombre d’exemplaires vendus. Un symbole de la presse indépendante, dans un contexte où la majorité de la presse marocaine pratique l’auto censure. Dans ses locaux de Casablanca, l’équipe du Journal attend toujours de l’...tat marocain l’autorisation qui lui permettrait de démarrer un nouveau titre. Pour protester contre la politique censoriale des autorités marocaines, Aboubakr Jamai vient d’entamer une grève de la faim.