Le nouveau système d’exploitation d’Apple est sorti. Nous l’avons testé sur un iMac : c’est une véritable bombe qui fonctionne sous Unix. Il va faire beaucoup de bruit si les principaux éditeurs de logiciels suivent.
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Nous vous annoncions récemment
la sortie imminente du nouveau système d’Apple ; il est là et nous l’avons testé. Autant le dire tout de suite : c’est un choc, le résultat est vraiment singulier.
Le forum associé au précédent article, très fréquenté, illustre fort bien la guerre sanglante qui sévit depuis des années entre les fans de PC et de Mac. Entendons-nous bien : oubliez tout ce que vous savez sur les Macintosh, ceux-ci ne seront plus jamais comme avant. Apple fait table rase, on efface tout et on recommence.
Utilisateurs et informaticiens vont adorer
Oubliez les "plantages" : un système sous Unix est stable. Au pire, vous devrez relancer un logiciel qui a fait une bêtise, mais le reste, lui, sera toujours là, fidèle au poste. Oubliez vos menus surchargés, Apple met sur le marché un système intuitif et élégant. Oubliez vos problèmes de compatibilité, tout logiciel pourra exporter en PDF - format universel et gratuit - et vos anciennes applications fonctionneront toujours. Oubliez vos problèmes de mémoire, tout est désormais géré de manière propre. Si vous venez du Mac, ce n’est pas la peine d’oublier vos réflexes car vous ne serez pas dépaysé dans le nouveau Finder, proche de l’original. Attention, cependant, il vous faudra au minimum un iMac équipé d’un G3, de 128 Mo de mémoire vive et d’1 Go d’espace disque libre.
Choix stratégique étonnant mais malin, le cœur du système "Darwin" a été placé en Open Source, comme Linux. Apple s’est basé sur le noyau MACH 3.0 (un Unix existant), l’a fait enrichir par ses équipes puis l’a remis dans la communauté des développeurs en en publiant le code. La pomme ouvre donc son cœur et exhibe une sécurité sans faille : pas de backdoor (porte dérobée) possible pour les hackers. Par ailleurs, OS X est livré en standard avec des outils de développement très puissants (C et Java notamment), le réseau et son administration sont simples et efficaces. Facile pour un Unix !
Précautions à l’installation
Quand le Kernel "panique" !Julien Chambaud |
Un bémol toutefois : cette toute première version de Mac OS X (la 10.0 pour être précis) peut poser problème lors de l’installation. Sur un iMac DV standard (processeur G3 400 MHz, 128 Mo de mémoire), ça se passe plutôt bien. Pour éviter d’éventuels messages d’erreur, il est quand même préférable de réaliser l’installation en redémarrant le Mac sur le CD fourni, plutôt qu’à partir du système d’origine (OS 9.0 en l’occurrence). Et l’installation s’effectue en deux étapes : d’abord l’OS 9.1 (compris dans le pack) puis l’OS X, les deux systèmes cohabitant sur la machine (9.1 permet par exemple de graver des CD et de lire des DVD, fonctions qui devraient être ajoutées à Mac OS X courant avril). Mais sur une configuration atypique - G3 400 MHz 256 Mo de mémoire vive, deux disques dur et périphériques d’origines variées -, une journée d’essais aura été nécessaire pour installer correctement l’OS X. Avec au passage, notamment, un message d’erreur fabuleux - "
kernel panic" suivi d’une suite de chiffres - non référencé dans la documentation, qui intéressait vivement le technicien de la hot line car notre demande n’était pas la première du genre... Pourquoi ce binz ? En résumé, l’erreur aura été d’avoir voulu garder, par précaution, la configuration d’origine (OS 9.0) sur le deuxième disque dur. Mais surtout, le système ne reconnaissait pas une carte tuner de marque Formac... Sont-ce des incompatibilités matérielles de ce type qui pousserait Apple à sortir une mise à jour (10.0.1) de Mac OS X quelques jours à peine après sa sortie officielle, comme le signale le quotidien en ligne CNet ? Du côté d’Apple France, on se contente de confirmer qu’une mise à jour est imminente et que, si les matériels Apple ont été testés, il peut subsister des difficultés avec d’autres marques, qui devraient être résolues rapidement.
Attendons les logiciels
Hormis ces éventuelles difficultés à l’installation, Mac OS X reste un brillant produit. Et les principaux éditeurs du marché semblent s’être engagés dans l’aventure : Microsoft, Macromédia, Adobe et Quark ont annoncé que leurs principaux logiciels seraient disponibles, cet été, en version adaptée, tirant véritablement parti de la puissance de cet Unix grand public. C’est à cette époque qu’Apple se jettera à l’eau et livrera tous les Macintosh en standard avec le système. On annonce également des logiciels 3D majeurs comme Maya, la référence en effets spéciaux cinéma. Unix, c’est LE grand pas, celui que Microsoft n’a pas osé franchir pour l’utilisateur. Mac OS X est une interface de rêve avec un vrai "plug and play", celle que Linux n’a pas encore su créer, et qu’Apple s’offre grâce à sa mainmise conjointe sur le "hard" et le "soft". OS X est un coup de poker incroyable qui peut élever Apple aux nues si éditeurs et programmeurs le suivent ou bien le plonger dans l’abîme s’il a raison tout seul.