Médecins sans frontières a choisi le Web pour interpeller la mission d’information parlementaire sur l’attitude de la France lors du massacre de 8 000 Bosniaques par les forces serbes à Srebrenica en juillet 1995. Sur leur site, les "French doctors" posent de graves questions et apportent des preuves inédites. Interview vidéo de Françoise Saulnier, juriste de MSF à Paris.
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l’interview en vidéo de Françoise Saulnier |
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Médecins sans frontières (MSF) n’a pas oublié Srebrenica. Et pour attirer l’attention de l’opinion publique sur un drame dans lequel figurent encore de nombreuses zones d’ombre, l’ONG prix Nobel de la Paix a décidé de se servir du Web. Sur son site, on peut en effet suivre les débats de la mission d’information parlementaire sur l’attitude très discutable des autorités françaises dans la prise et "
l’épuration" de Srebrenica. Mieux, MSF a déjà mis en ligne un document confidentiel et inédit de l’ONU, qui tend à démontrer la responsabilité directe de Jacques Chirac et de Bill Clinton dans le refus de fournir une couverture aérienne à la ville bosniaque.
Trois ans de lobbying
Le 11 juillet 1995, les milices serbes du général Mladic font leur entrée dans l’enclave de la ville bosniaque de Srebrenica, placée sous la protection de la Forpronu depuis mars 1993. Quarante mille personnes sont déportées. Cinq à huit mille d’entre elles, des hommes en majorité, ne réapparaîtront jamais. À Médecins sans frontières (MSF), cet épisode tragique est dans toutes les mémoires : parmi les disparus figurent 22 membres de l’équipe locale de l’ONG.
Après un lobbying intensif de trois ans, MSF et plusieurs autres ONG ont fini par obtenir l’ouverture d’une mission d’information parlementaire française sur Srebrenica. Coprésidée par François Loncle (PS), François Lamy (PS) et par François Léotard (UDF), ministre de la Défense de 1993 à mai 1995, cette mission a démarré ses travaux le 14 décembre dernier avec l’audition de l’amiral Lanxade, chef de l’état-major français à l’époque des faits.
Françoise Saulnier, responsable juridique de MSF à Paris, présente le site de l’ONG, rappelle les faits, et s’interroge sur la part de responsabilité de la France dans un crime international qu’aucune personnalité, si ce n’est le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, n’a voulu assumer jusqu’à présent.