Les pertes de Lycos Europe atteignent 1 milliard d’euros en un an... Malgré cela, la société s’attend à être rentable plus tôt que prévu.
Lycos Europe a beau se vanter d’être le numéro un des portails européens pour l’affluence, avec 16 millions d’adeptes, il n’est pas très vaillant. Ses pertes nettes sur un an atteignent 1 milliard d’euros, soit dix fois plus que les pertes de l’exercice 1999-2000. Lycos Europe est une société mixte, dans laquelle Terra Lycos possède 29,6 % des parts, à égalité avec un "pôle" allemand (Bertelsmann, le PDG de Lycos Europe Christophe Mohn, la maison d’édition Grüner & Jahr). Deux proies avalées par Lycos Europe, la start-up suédoise Spray et la française Multimania, détiennent respectivement 8 % et 6,9 %. Bien sûr, les déboires de Lycos Europe ont un responsable : la crise économique. Le cours des valeurs télécoms et Internet a plongé ; les revenus publicitaires ont suivi. Les portails se sont retrouvés à poil. Or, la plupart des grands acteurs européens ne sont pas encore arrivés à maturité, hormis Yahoo ! et AOL : MSN et Tiscali perdent aussi de l’argent. Il faut traverser la tempête ou mourir...
Actionnaires mal en point
Cela dit, cela ne va pas beaucoup mieux du côté des deux principaux actionnaires. De janvier à juin 2001, Terra Lycos a perdu 1,8 milliard d’euros, soit 12 milliards de francs. Son chiffre d’affaires, lui, n’était que de 357,5 millions d’euros, soit 2 milliards de francs. Le groupe multinational est né, il y a un an, de l’absorption du portail d’origine américaine Lycos par Terra Networks, la filiale Internet de l’opérateur de télécoms historique espagnol Telefónica. Mais la fusion ne lui a pas vraiment profité. Chez Bertelsmann, même son de cloche. Les pertes Internet n’avaient jamais été aussi élevées. Elles atteignent 900 millions d’euros dans l’année (+ 29 % par rapport à l’exercice précédent). Le chiffre d’affaires, cette fois, est tout de même de 20 milliards d’euros. N’empêche, ça ne fait pas sérieux pour une vénérable société rhénane qui regarde la bourse avec méfiance et qui croit avant tout à l’autofinancement. Bertelsmann Direct Group réalise le gros des pertes, avec des filiales comme bol.com (faillite en France, notamment) et CDNow. Deux start-up rachetées par le label musical BMG ont coulé. Et Napster a déjà pompé plus de 60 millions d’euros dans le bas de laine de Bertelsmann. Quelques centaines de licenciements seraient nécessaires, révèle le e-zine Webnoize.
Suppressions de postes
Chez Lycos Europe, naturellement, les suppressions de postes sont aussi le moyen envisagé de redresser les chiffres. En effet, le groupe annonce dans un communiqué sa satisfaction d’avoir réalisé un chiffre d’affaires de 138,9 millions d’euros, en hausse de 246 % par rapport à l’année précédente. Cela signifie qu’il sera possible d’atteindre l’équilibre plus tôt que prévu, dès la mi-2002. Mais pour cela, il faut encore un petit effort. Trois cents salariés vont prendre la porte, soit 10 % des effectifs. Tout baigne...