Lycos Europe annonce le rachat de son concurrent d’origine suédoise Spray, propriétaire de Caramail, pour 4,4 milliards de francs (674,4 millions d’euros).
Le portail et fournisseur d’accès d’origine suédoise Spray, une des success stories du Web européen, change de mains. Lycos Europe a en effet annoncé le 21 septembre qu’il allait le racheter par échange d’actions, pour une valeur de 4,4 milliards de francs. Les actionnaires de Spray, parmi lesquels la richissime famille suédoise Wallenberg, souscriront dans le même temps à une augmentation de capital de Lycos Europe, pour 100 millions d’euros (656 millions de francs). À l’issue de l’opération, ils détiendront donc 27 % du capital de Lycos Europe, aux côtés de Lycos Inc (31 %) et du géant allemand des médias Bertelsmann (19,3 %). En mai dernier, Lycos Inc, troisième portail américain, avait été racheté par Terra Networks, filiale internet du groupe espagnol de télécoms Telefonica.
Un milliard de pages vues par mois
Selon Lycos Europe, le nouvel ensemble totalisera près d’un milliard de pages vues par mois, 8,6 millions d’utilisateurs enregistrés et 19 millions de visiteurs uniques dans douze pays. Les positions revendiquées sont impressionnantes : premier portail en Scandinavie, deuxième en Allemagne, dans les cinq premiers en France et premier site de communauté en Italie. Créé en 1995 par six Suédois âgés de 21 ans en moyenne, Spray est aujourd’hui présent dans huit pays européens. La société a fusionné, en 1998, une partie de ses activités avec celles de l’Américain Razorfish, une des premières webagencies au monde. Puis, forte du soutien financier apporté par Investor, holding de la famille Wallenberg, elle a racheté l’an dernier le quotidien en ligne norvégien nettavisten.no, le portail italien clarence.it, et, en France, le portail PageFrance et le service de messagerie électronique gratuit Caramail.
Nouvelles acquisitions ?
Les marchés ont salué cette opération, qui permet à Lycos Europe de combler ses lacunes sur le Vieux Continent. Alors que les principales valeurs technologiques européennes chutaient ce jeudi, l’action Lycos Europe a gagné 6,7 % à la Bourse de Francfort. Certains indicateurs doivent cependant tempérer cette réaction. Si le nouvel ensemble affiche un chiffre d‘affaires en forte progression, à 68,7 millions d’euros sur les douze mois clos en juin, Lycos avouait, début septembre, 99,7 millions d’euros de pertes pour l’année fiscale 1999-2000. Tandis que celles de Spray se chiffrent à 80,3 millions d’euros pour la même période. "Spray n’avait pas le choix, car il ne pouvait plus être coté. Quant à Lycos, le marché leur demande de se rapprocher du point d’équilibre. Il faut voir comment ils vont vivre avec Terra", s’interrogeait ce jeudi un observateur parisien. Riche de son nouvel apport en cash, Lycos Europe ne compte pourtant pas en rester là. "Nous regardons les sociétés, nous comptons procéder à de nouvelles acquisitions", a déclaré son porte-parole, Ingo Rapold.
Qui croquera Liberty Surf ?
Le mouvement de "consolidation", c’est-à-dire de rachat ou de fusion entre les différents portails et fournisseurs d’accès se poursuit en Europe. Ainsi, T-Online, filiale internet de Deutsche Telekom, a-t-elle récemment croqué ya.com, deuxième fournisseur d’accès espagnol, pour 573 millions d’euros. On le disait intéressé aussi par le rachat de Spray. Mais le numéro un européen est aujourd’hui empétré dans des querelles de management avec sa maison mère. Par ailleurs, les marchés bruissent de rumeurs sur le devenir du français Liberty Surf et de l’anglais Freeserve.