La société supprime 122 emplois, pour parvenir à l’équilibre sans levée de fonds supplémentaire. Elle attribue une part de ces licenciements à l’excellence de son logiciel d’automisation des opérations Internet.
Mardi 1er mai, la société d’infrastructure logicielle pour Internet Loudcloud a annoncé 122 licenciements, soit près de 20 % de ses effectifs. Seuls 507 emplois seront conservés. Cette mesure intervient sept semaines après une introduction en Bourse plutôt réussie, compte tenu du contexte difficile. Le communiqué publié est d’ailleurs loin d’être alarmiste. Plutôt que de voir dans ces licenciements la conséquence de mauvais résultats financiers (234 millions de dollars de pertes en 2000), la direction de Loudcloud préfère parler pudiquement de "révision générale de la structure financière et opérationnelle de la société". Surtout, elle prétend que cette réduction d’effectif est pour partie due aux bonnes performances de son logiciel Opsware : celui-ci permet d’automatiser la gestion d’interventions sur les sites internet.
Cynisme
"Nous commençons à profiter des retombées de notre business model, dont l’objectif est de remplacer le capital humain par l’automisation technologique", clame fièrement Ben Horowitz, PDG de Loudcloud, dans le communiqué de presse publié mardi 1er mai. C’est peut-être vrai, mais faire de licenciements un argument commercial manque singulièrement de délicatesse... D’autant que, parallèlement, Loudcloud renforce son équipe de direction avec notamment la création d’un nouveau titre de vice-président exécutif du Business Développement. C’est John O’Farrell, un transfuge en provenance de Excite@Home, qui occupera ce dernier poste. Il s’occupait précédemment des portails européens d’Excite, actuellement en grandes difficultés financières.
Grâce à ces mesures, la société fondée par Marc Andreessen (le créateur de Mosaic, devenu Netscape) espère atteindre la rentabilité en 2004 sans qu’il soit nécessaire de procéder à une nouvelle levée de fonds. Mais on est loin des perspectives radieuses des débuts, quand Wired, la bible des entrepreneurs high-tech, adoubait Marc Andreessen en couverture et lui promettait un avenir radieux. Dans ce même portrait, un employé admiratif disait, à propos de Ben Horowitz, "c’est le genre de personne que je suivrais jusqu’en enfer". Il risque d’être servi.