L’introduction en Bourse du fournisseur d’infrastructures logicielles Internet, une société créée par Marc Andreessen, est considérée comme un test de la netéconomie.
Pas de sursouscription des titres, mais pas d’effondrement non plus. L’entrée au Nasdaq de Loudcloud a un peu rassuré les investisseurs qui voyaient depuis quelques semaines les plus beaux espoirs du Net et du e-commerce faire un flop à Wall Street. Vendredi 9 mars, les 25 millions d’actions Loudcloud s’échangeaient à 6,25 dollars, pour un prix de départ de 6 dollars. Dans le projet initial, il n’y avait que 10 millions d’actions valant chacune environ 8 dollars, mais les banques d’investissement ont jugé plus prudent de revoir leur offre.
Au cours des neuf premières semaines de l’année 2000, 176 entreprises étaient entrées en Bourse aux ...tats-Unis, rappelle le magazine The Industry Standard. En 2001, ce nombre est retombé à 20 pendant la période correspondante. C’est dire si la netéconomie, qui avait jusqu’il y a peu pourvu les marchés financiers en jeunes sociétés à la croissance fulgurante, est morose. L’introduction en Bourse de Loudcloud, vendredi dernier, faisait donc figure de test.
Cette société basée en Californie est le nouveau bébé de Marc Andreessen, l’un des principaux artisans du premier navigateur Web, Mosaic, puis de Netscape. À peine créée, à l’automne 1999, Loudcloud faisait déjà les grands titres de la presse Internet : un fondateur de génie, une dream team de dirigeants et surtout un business de constructeur d’infrastructures plutôt que de marchand en ligne… Une activité plus sûre, par les temps qui courent. Aussi, bien qu’ayant grillé 50 millions de dollars de capital-risque en un an, pour seulement 2 millions de dollars de chiffre d’affaires, la start-up est considérée comme prometteuse.
E-business automatique
Loudcloud ("nuage bruyant" en mot-à-mot ) se définit comme un "fournisseur de services d’infrastructure logicielle" et propose aux grands comptes d’externaliser l’intégralité de leur développement et de leur maintenance Web. "Les gens veulent pouvoir se concentrer sur leurs applications, sur les nouveaux produits, explique le directeur exécutif Timothy Howes, l’un des bras droits de Marc Andreessen. "Avoir un site sécurisé, un serveur stable, un lieu pour archiver les données, c’est un problème complexe, mais pas un avantage comparatif. C’est pourquoi ils ont recours à nos services."
Plutôt que d’embaucher un administrateur réseau qui devra seul faire face à tous les problèmes techniques, Tim Howes recommande d’utiliser Opsware, le logiciel de Loudcloud. "Avoir la "A-team", c’est bien, mais il arrive toujours un moment où l’on ne peut plus prendre de nouveaux contrats parce qu’on n’a pas assez de monde. Et puis la personne qui travaille sur votre site amasse beaucoup de connaissances, mais un jour elle part en vacances, elle est tuée dans un accident de bus, elle démissionne…" Opsware automatise la création de nouveaux sites, la mise à jour de ceux qui existent et archive les données dans des centres sécurisés. En cas de crash du système, il a gardé en mémoire la topologie du site ainsi que les données et peut le reconstruire très rapidement.
Des résultats encore mitigés
Mais cette automatisation n’est pas à la portée de n’importe quelle PME. "Il faut dépasser une taille critique, explique Tim Howes. Nos services s’adressent aux entreprises qui ont besoin d’industrialiser leur business, et qui ont des préoccupations comme la sécurité des données." D’ailleurs, le premier contrat que vient de décrocher Loudcloud en Europe s’appelle The Royal Mail, la poste britannique. La société californienne prospecte également en France, où "plusieurs contrats sont dans les tuyaux", selon la responsable des partenariats Carolyn Cox. L’heure n’est donc pas encore à la généralisation des services d’infrastructure clé en main pour les mini-entreprises du Net.