"La première fiction réelle et interactive." C’est ce soir que la version gauloise de Big Brother, le jeu d’origine hollandaise où des femmes et des hommes sont enfermés dans un appartement sous l’œil inquisiteur des caméras, débarque officiellement en France sur une chaîne nationale. M6 a pris de vitesse toutes ses concurrentes et lance Loft Story, "un format 100 % français et 100 % original", d’après la petite chaîne qui risque de monter encore et d’exploser son Audimat. Pas si original et français que cela pourtant. Même si la chaîne s’en défend, Loft Story est bel et bien une adaptation à la sauce hexagonale de Big Brother. Des gens enfermés dans un appartement, filmés tout le temps. Seule différence avec la version originale : il s’agit de former un couple "idéal". Sûrement le côté latin de la chose...
Dépistage du VIH
"Loft Story répond à l’ambition de la chaîne d’être innovante, moderne, proche des gens et reflet de son époque", peut-on lire dans le dossier de présentation du jeu. Tellement proche des gens que certains se demandent si M6 et les producteurs du jeu (Endemol France, filiale de la société qui a lancé Big Brother aux Pays-Bas) n’ont pas été trop loin. Près de 38 000 personnes se sont portées candidates, 350 ont été auditionnées, 22 retenues. Parmi elles, onze ont survécu à la sélection : ils et elles seront les candidats que tout le monde épiera. Tous sont passés par le tamis des psychologues. Mais, plus ennuyeux, ils ont aussi dû subir un certain nombre de tests médicaux, dont un dépistage du VIH et de l’hépathite B. Act Up crie au scandale. Dans un communiqué intitulé "M6 n’aime pas les séropositifs", le collectif estime qu’imposer de tels test "est illégal et discriminatoire. Rien ne peut justifier de telles pratiques". Act Up ne se contente pas des explications d’un responsable de la chaîne - "ce n’est qu’un jeu télévisé" - et demande à M6 de garantir aux candidats l’accès au matériel de prévention (en cas de relations sexuelles pendant l’émission) et de communiquer régulièrement sur les risques de transmissions du Sida. Affaire à suivre, donc, au quotidien pendant le jeu, dans toutes les cases du programme. Car la chaîne va tirer sur la corde Loft Story. Des émissions quotidiennes et hebdomadaires sont d’ores et déjà annoncées, ainsi qu’une diffusion 24 heures sur 24 sur Internet et TPS.
Scène de ménage
Comment ça marche ? Loft Story met en scène onze célibataires, cinq femmes et six hommes. Agés de 18 à 35 ans, ils ne se connaissent pas et vont devoir vivre pendant 70 jours dans un loft de 225 m2 construit pour l’occasion, dans les studios de la Plaine Saint-Denis (Seine-Saint- Denis)... Une trentaine de caméras (dont trois munies d’infra-rouge) sont disposées dans l’appartement, dans le jardin et la piscine (chauffée). Des micros sont aussi posés un peu partout. Petite précision : il n’y a que deux chambres... Les candidats sont éliminés chaque semaine, une fille et un garçon en alternance, par un vote du public (par téléphone ou Internet). Le couple vainqueur, connu au bout de dix semaines, n’en sera pas quitte pour autant. Pour devenir vraiment propriétaire du lot gagnant (une maison dans le Sud, d’une valeur de trois millions de francs), ils devront y vivre ensemble durant six mois. Toujours sous l’œil des caméras. Et si ça vire à la scène de ménage, chacun repartira seulement avec un chèque de 150 000 francs sous le bras. Soit, au prorata du temps passé, 833 francs par jour... Le prix de la douleur ?