Un journaliste américain haut placé dans une revue linuxienne a délibérément trompé ses pairs en utilisant des pseudos dans des messages venimeux.
Mentir est une vilaine chose, surtout lorsqu’on est linuxien. Kevin Reichard, directeur exécutif du magazine Linux Today, est accusé d’attirer l’opprobre sur toute la communauté du logiciel libre, réputée fair play, partageuse, respectueuse de la pluralité. En effet, le Californien a fait preuve de malhonnêteté en utilisant plusieurs pseudos sur les forums de son magazine, pour attaquer les publications américaines concurrentes (Slashdot, Newsforge, Linux World), traîner dans la boue d’éminents membres de la communauté opensource (...ric S. Raymond, Alan Cox), ou bien ridiculiser les lecteurs qui critiquaient ses propres articles.
Paul Ferris, Zorro du libre
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Le webmaster de
Linux Today, Paul Ferris, un peu effrayé par les attaques de ce mystérieux "George Tirebiter" visant personnellement Joe Barr, éditorialiste à
Linux World, a eu tôt fait de remonter la piste de l’intriguant. Le webmaster a d’abord informé Barr en décembre 2000, mais en lui demandant de se taire - il craignait pour son job. N’y tenant plus, il interroge directement Reichard, qui nie alors avoir commis ces messages anonymes. En mai dernier, Paul Ferris apprend qu’il est viré - pour des raisons économiques, et non pour cause de règlement de comptes, explique-t-il lui-même. Le webmaster refuse de signer une clause de confidentialité au moment de son départ, et l’affaire éclate dans les colonnes de
Linux World, en juillet. Paul Ferris décrit les faits dans
Linux Journal ce mois-ci.
La communauté n’est plus ce qu’elle était ?
Il explique les raisons morales qui l’ont fait réagir : "J’ai écrit cette partie des règles des forums de Linux Today : "Les mouvements Linux, Opensource/logiciel libre incarnent pas mal de choses, mais parmi leurs premières qualités figurent l’honnêteté et l’objectivité. Il se peut que nous ne soyons pas toujours à la hauteur, mais nous faisons de notre mieux, et nous apprécions votre aide." Je n’ai pas l’impression que cette partie de nos règles ait été respectée." Lorsqu’il argumente avec le fauteur de trouble, afin qu’il cesse ses messages, Kevin Reichard insinue à plusieurs reprises que la "communauté" du logiciel libre à laquelle il se réfère n’existe que dans les beaux discours. L’affaire n’aurait sans doute pas filtré si le cynique avait raison. Mais cette révélation porte un coup aux idéalistes, avoue Joe Barr cité par Wired : "Je pensais que nous valions mieux que ça. Personne dans le monde Linux ne veut écrire à ce sujet. C’est une perte d’innocence pour la communauté."