Tarik Fdil est membre de l’ADIL (Association pour le développement de l’informatique libre), une association basée à Rabat qui milite pour la diffusion de l’open source au Maroc (formations, colloques, etc).
Quels sont vos premiers souvenirs de Linux ?
C’était en 1997, à Casablanca. Un ami m’avait donné un CD-Rom d’installation provenant d’une revue informatique. Il m’a simplement dit : "Tu es informaticien, alors tu vas t’en sortir." Une fois le CD-ROM installé, j’ai commencé à rechercher de la documentation. Je suis tombé sur un message laconique de l’auteur d’un programme concernant les réseaux. Il demandait de l’aide afin de compléter la programmation. J’ai commencé à travailler sur le sujet... Concernant l’open source, personne n’a la science infuse et cette notion d’entraide de communauté m’a tout de suite plu. Il ne suffit pas de recevoir les innovations des autres, il faut également apporter sa contribution. Selon moi, c’est vraiment ce qui caractérise l’esprit Linux. Même s’il existe quelques "dérapages commerciaux"... Je crois tout de même que ces démarches sont utiles pour diffuser Linux auprès du grand public. Au bout du compte, cela profite à la communauté.
Quelle est la situation de Linux au Maroc ?
L’open source a du mal à s’imposer. Linux devrait pourtant représenter une "solution miracle" pour les entreprises ou les administrations marocaines. D’abord pour des questions de stabilité et du niveau de sécurité de l’outil, mais également parce que opter pour l’open source limite les coûts. Selon moi, la faible utilisation de Linux est en partie due à la pression du secteur commercial. Et notamment de Microsoft qui a d’ailleurs installé, au Maroc, ses bureaux pour l’Afrique de l’Ouest et l’ensemble du Maghreb. Mais les choses semblent changer doucement. L’ADIL (Association pour le développement de l’informatique libre) vient d’ailleurs de signer un accord-cadre avec le ministère de la Santé marocain pour généraliser l’adoption de Linux à l’hôpital Ibn Sina (Avicenne) de Rabat, l’un des plus importants du pays. C’est le premier accord de ce type signé au Maroc.
Comment voyez-vous l’avenir de Linux ?
Je pense que l’utilisation de Linux, et d’une manière générale de l’open source, va se généraliser dans les années à venir. C’est une question de temps car c’est un concept auquel on ne peut échapper. Et, selon moi, c’est une évolution naturelle du développement informatique.
Demain, Colin Tenwick, vice-président Europe/Moyen Orient/Afrique de Red Hat.