La métropole lilloise n’en finit pas d’étonner par son dynamisme en matière de création numérique. Là, sur quelques dizaines de kilomètres carrés sont concentrées d’innombrables sociétés de production (webdesign, images 3D, jeux en Flash, etc.). Mais pour imposer ce pôle numérique nordiste au niveau international, encore faut-il s’organiser, échanger et s’entraider. C’est la démarche des initiateurs de l’Association régionale des producteurs de contenu numérique (L’Arc numérique). Parmi lesquels se trouvent les fleurons de la création numérique de la place lilloise : ChmAn, dont le jeu en Flash Banja a été vendu à Telefónica Terra (filiale internet de l’opérateur espagnol) pour une exploitation dans le monde hispanophone ; No Copy, qui a travaillé sur la refonte du site officiel de Tintin pour le compte de la Fondation Hergé ; ou encore Œil pou Œil qui vient de lancer sa plate-forme de divertissement interactif baptisée visiodrome.com, après avoir signé les sites de Souchon, Françoise Hardy ou Henry Chapier. "Il s’agit de se réunir au sein d’une structure associative les acteurs de la production numérique à l’échelle régionale", explique Frédéric Czysz, jeune patron de Keblow, une société qui produit des jeux interactifs pour la Toile.

Encore à l’ère du cinéma muet sur Internet

L’Arc numérique, qui compte actuellement une dizaine de sociétés, sera avant tout un lieu d’échanges autour de thèmes cruciaux pour le développement des sociétés : veille technologique ou juridique, visions stratégiques sur les modèles économiques. Mais aussi en matière de recherche et développement. À terme, un fonds d’aide à la production sera mis en place : "Nous sommes tous des producteurs de contenus, avec des risques économiques. Pas des prestataires. Nous partageons donc une problématique identique. Pour le moment, nous en sommes encore à l’ère du cinéma muet sur l’Internet. Il s’agit de devancer le marché, de créer un effet de levier au niveau de la région", souligne Bernard Cando, cofondateur de CHmAn.

300 emplois implantés

L’Arc numérique souhaite surtout sensibiliser les pouvoirs publics sur la situation des producteurs de création numérique. Et associer à leur initiative, l’...tat et la région par le biais de la Préfecture, du Conseil régional ou de la communauté urbaine de Lille afin d’alimenter le fonds. Avec près de 300 emplois liés à la production multimédia dans la région, l’Arc numérique a de quoi convaincre les décideurs institutionnels. "Il existe déjà une enveloppe consacrée à l’aide à la production multimédia au Centre national de la cinématographie. Ce fonds a eu une vocation nationale et il est difficile pour des petits producteurs d’y accéder", souligne Bernard Cando. On n’a décidément pas fini d’entendre parler des créateurs nordistes...