Les recommandations de l’analyste financier Henry Blodget sur la Net économie ont-elles été influencés par les intérêts de son employeur, Merrill Lynch ? La justice américaine mène l’enquête.
L’analyste financier Henry Blodget a-t-il émis des recommandations boursières excessivement optimistes sur des sociétés de la Net économie pour permettre à l’activité " banque d’investissement " de Merrill Lynch de décrocher de juteux contrats avec lesdites sociétés ? C’est en tout cas la question que se pose le bureau du procureur de l’Etat de New York.
Conflits d’intérêts
L’affaire, révélée par le Wall Street Journal, ne se limite pas aux cas d’Henry Blodget et de Merrill Lynch. Le dossier s’attaquerait plus généralement aux relations dangereuses entre les activités " Analyse financière " et " Banque d’investissement " lorsqu’elles coexistent au sein d’un même groupe. Publier des rapports favorables à certaines entreprises et préconiser l’achat de leurs actions n’est pas sans intérêt pour les grandes institutions financières comme Merrill Lynch, Morgan Stanley ou JP Morgan. Car, dans les faits, la publication d’un rapport défavorable à une entreprise altère grandement les chances de décrocher un contrat avec cette même société pour organiser son tour de table ou préparer son introduction en bourse. D’où les soupçons portant sur de possibles conflits d’intérêts.
Star déchue
Mi-novembre, Merrill Lynch annonçait le départ (à l’amiable et assorti d’une confortable prime de 5 millions de dollars, soit environ 35 millions de francs) de son ex-analyste financier vedette, Henry Blodget. Ce dernier était devenu une célébrité, à Wall Street du moins, en recommandant avant tout le monde l’achat des actions du cyber-libraire Amazon.com et en prévoyant, avec raison, une augmentation exponentielle du cours de son action. Mais son aura s’était depuis ternie, Henry Blodget continuant de se montrer excessivement optimiste, y compris après l’éclatement de la bulle spéculative autour des valeurs Internet. Lui et sa société avaient même été mis en cause par Debases Kanjilal, un investisseur ayant perdu 500 000 dollars (3,5 millions de francs) pour avoir suivi les recommandations d’Henry Blodget sur Infospace, entreprise par ailleurs en affaires avec Merrill Lynch. La vénérable institution et son analyste vedette avaient alors combattu ces accusations, niant tout comportement répréhensible. Mais en juillet dernier, Merrill Lynch acceptait de verser 400 000 dollars (près de 3 millions de francs) à Debases Kanjilal pour classer l’affaire. Officiellement, " pour éviter les dépenses et les perturbations occasionnée par une procédure judiciaire "...