On parle de virus informatique par analogie avec les parasites biologiques bien connus. Le nombre de machines et de réseaux interconnectés rend d’ailleurs cette comparaison de plus en plus pertinente : les virus informatiques sont-ils les premières formes de vie du cyberespace ?
La vie se développe-t-elle nécessairement sur un support organique ? Ne s’agit-il pas d’une propriété plus générale que l’on pourrait observer dans d’autres systèmes complexes ? Ces questions métaphysiques, beaucoup de scientifiques et d’informaticiens se les posent. Ils sont même de plus en plus nombreux à vouloir élargir la définition de la vie à toute forme de structure capable de se répliquer de manière autonome, de préserver sa structure et d’opérer des transformations régulières sur son environnement. Partant de là, certains ont affirmé que les virus informatiques étaient des entités vivantes au même titre que les virus biologiques.
Un virus biologique est un fragment d’ADN (ou d’ARN) protégé par une membrane qui va s’injecter dans une cellule hôte et se servir d’elle (ses organites, ses nutriments et son énergie) pour se multiplier et coloniser d’autres cellules. Similairement, un virus informatique est un fragment de code informatique qui va se greffer (infecter) à un fichier hôte et qui va se servir de lui (ses fonctions, ses ressources) pour se dupliquer et infecter d’autres hôtes.
Formes primitives d’organisation
Si l’on considère l’ordinateur comme un écosystème dans lequel des entités (les programmes) partagent et échangent des ressources comme la mémoire, l’espace-disque ou des cycles d’horloge, les virus informatiques seraient alors, comme leurs homologues biologiques, des parasites totalement dépendant de ces entités. Encore faudrait-il, pour prolonger l’analogie, que les entités parasitées soient elles-mêmes "vivantes" !
Ce n’est pas encore le cas. Mais avec l’interconnexion généralisée des machines, et donc la construction d’un gigantesque écosystème informatique mondial, on commence à voir apparaître des programmes autonomes comme les vers qui se rapprochent beaucoup de la définition d’une entité vivante de type cellule. En effet, les vers, à la différence des virus, n’ont pas besoin d’autres programmes pour se dupliquer : ils se répandent de machine en machine et l’on peut même imaginer une compétition entre eux pour l’accès aux ressources de ces mêmes machines.
La vraie question est de savoir si le cyberespace sera un jour assez vaste, assez complexe et assez pérenne pour laisser évoluer ces formes primitives d’auto-organisation et d’auto-réplication. Peut-être verra-t-on un jour des cyber-écolos s’attaquer aux pesticides anti-virus...