Le coltan, un minerai rare utilisé dans les portables, est l’un des principaux enjeux du conflit au Kivu
Le contrôle du coltan, un minerai indispensable à la production des téléphones mobiles, de certains ordinateurs et des consoles de jeux, est devenu l’un des principaux enjeux de la guerre qui ravage depuis 1998 la région du Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre).
Une commission d’enquête mandatée par les Nations Unies vient de dénoncer les liens entre le commerce de ce minerai et les importations illégales d’armes dans la région.
Depuis 1998 et le début du conflit entre l’armée régulière de Laurent-Désiré Kabila et la rébellion du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie, soutenu par le Rwanda), l’extraction minière dans le Kivu est devenue plus que chaotique, la plupart des compagnies minières étrangères ayant quitté la région.
80 % des réserves mondiales
Le coltan est au centre de toutes les convoitises, aussi bien pour le RCD (qui contrôle une bonne partie de la région) que pour les milices locales plus ou moins autonomes et les gouvernements voisins du Rwanda et de l’Ouganda.
Les sous-sols du Kivu contiennent 80 % des réserves mondiales de coltan, bien que les trois-quarts de la production mondiale actuelle viennent d’Australie.
La "colombo-tantalite" (coltan en abrégé) est un mélange de minerais rares, un sous-produit des mines d’étain assez facile à extraire. On l’utilise surtout pour fabriquer les "condensateurs à tête d’épingle", un composant qui permet de réguler la tension électrique dans la plupart des téléphones et des ordinateurs portables ainsi que dans certaines consoles de jeu, comme la PlayStation de Sony.
Le coltan est la seule chance de survie pour des milliers de paysans qui se sont lancés dans la prospection après avoir été ruinés par cinq années de conflits. Cette population de petits mineurs vend son minerai à des grossistes soutenus par telle ou telle armée ou milice. "C’est la seule façon de gagner sa vie ici", explique à la BBC un intermédiaire qui achète le coltan aux familles de mineurs, puis traverse la frontière pour aller le revendre à Kigali, la capitale du Rwanda.
"Pas de sang sur mon portable"
Au Congo, la guerre ne se fait plus le long d’un front, mais autour des gisements de coltan. Il est fréquent qu’un prospecteur qui vient de vendre pour quelques dizaines de dollars de coltan reçoive la visite de bandits en uniforme qui savent déjà exactement combien il y a d’argent dans sa maison.
Eric Kennes, un économiste belge interrogé par le quotidien allemand Die Tageszeitung,
déclare : "La population travaille pour nourrir les armées, qui l’exploitent jusqu’à l’épuisement physique."
En 2001, une vingtaine d’ONG de défense des droits de l’Homme et plusieurs associations religieuses intervenant dans la région des Grands Lacs avaient lancé une campagne de sensibilisation des consommateurs européens, baptisée : "Pas de sang sur mon téléphone portable". Depuis, cette campagne est restée lettre morte.
"Reports Link Uganda With Regional Arms Trafficking" (AllAfrica.com):
http://allafrica.com/stories/200306...
"Congo’s coltan rush" (BBC News):
http://news.bbc.co.uk/2/low/africa/...
"Ruée vers l’or high-tech" (Courrier International):
http://www.courrierinternational.co...