Une association internationale de consommateurs a étudié 750 sites et analysé leur manière de collecter les données personnelles des internautes. Et ce n’est pas triste.
 Julien Chambaud |
750 sites passés au peigne fin. Des sites américains, français, espagnols... Des sites qui vendent un voyage, un abonnement ou qui vous proposent un service. Des sites enfin (et surtout) qui vous demandent votre identité, votre adresse, souvent votre âge ou le nombre d’enfants au foyer et parfois le lieu de vos dernières vacances.
L’association Consumers International, un regroupement de 260 organisations dans plus de 120 pays, a mené une enquête fouillée, sérieuse. Pour observer de quelle manière les données personnelles des internautes sont récoltées, traitées et vendues. Et ce n’est pas triste. Ainsi, deux tiers des sites collectent des informations personnelles et réclament des détails, de façon à identifier plus facilement l’internaute. La majorité inscrivent automatiquement leurs clients sur leur mailing-list ou transmettent, sans leur accord, des informations les concernant à des tiers.
Les Américains plus friands de cookies
L’intérêt de l’étude : comparer la situation aux ...tats-Unis et celle en Europe. Deux conceptions différentes de la protection des données personnelles. Les Européens ont développé des législations spécifiques pour protéger les consommateurs, les ...tats-Unis beaucoup moins. A contrario, les sites américains s’en tirent plutôt bien dans le registre respect de la vie privée des consommateurs.
Ainsi, seulement un tiers des sites qui mettent en ligne une charte de traitement des données personnelles l’indiquent clairement aux internautes. Les sites américains à grande audience sont 62,5 % dans cette catégorie. A contrario, les Américains sont plus friands de cookies : 92 % des sites outre-Atlantique les utilisent, contre 47 % en Europe.
En France, l’association UFC-Que Choisir a collaboré à l’étude et analysé les façons de faire d’une vingtaine de sites français. "Pratiquement aucun ne respecte la législation, explique Nicolas Larmagnac, chargé de l’enquête. Le site rouge-blanc.com est exemplaire : il ne demande à aucun moment l’autorisation de l’internaute pour utiliser ses données. Et nous avons reçu via ce site plusieurs mails publicitaires." Sur les 25 sites étudiés, plusieurs n’indiquent nulle part quelle charte de protection des données est appliquée. C’est pourtant imposé par la loi. "Nous avons envoyé un mail pour leur demander quelles règles ils suivaient. 80 % ne nous ont jamais répondu. Les autres nous ont expliqué que leur site était très sécurisé. Rien à voir."
L’association Consumers International espère que l’étude va secouer les politiques. Elle ne croit pas à la bonne volonté des entreprises, et lance un appel aux gouvernements pour que soient mises en place des législations contraignantes et respectueuses de la vie privée des internautes.