Netpolitique.net publie, mardi 17 juillet, un sondage sur la façon dont les députés français utilisent le Réseau. Constat : si la plupart des élus ont intégré l’Internet à leurs univers de travail, ils restent peu convaincus par les possibilités promotionnelles du Web.
Volontiers usagers du Réseau, les députés français restent réticents face à l’utilisation du Net pour la promotion des idées politiques. C’est ce que révèle l’étude menée et publiée par le site netpolitique.net auprès des 577 membres de l’Assemblée nationale entre les mois de janvier et mai 2001.
Ce n’est pas la première étude du genre. Déjà, au mois de janvier dernier, l’Internet Society (ISOC), s’était intéressée au regard porté sur le Web par les parlementaires. Mais les fondateurs de netpolitique.net, Stanislas Magnant, chef de projet chez Mindshare Internet Campaigns à Washington, Jean-Philippe Clément, chef de projet chez B2L/BBDO et Hervé Pargue, webmaster au sein du département multimédia du service d’information du gouvernement, ont choisi une autre voie : dresser un état de l’utilisation pratique du Net par les députés. Au menu : un questionnaire simple et informatif, envoyé en janvier 2001, par mail ou par fax, aux 577 députés de l’Assemblée nationale et dont 103 sont revenus dûment remplis. Soit un taux de réponses de 18 %. Un résultat plutôt encourageant pour les auteurs de l’étude, satisfaits d’avoir pu aller au bout de leur démarche. "Nous avons fait, tout d’abord, des envois par courrier électronique, pour les élus qui disposaient d’une adresse, et des relances par courrier. Une démarche un peu laborieuse mais finalement assez payante", constate Hervé Pargue. Laborieux en effet : il aura quand même fallu quatre mois pour obtenir les réponses des députés – 2/3 sont arrivées par courrier postal et 1/3 seulement par messagerie électronique...
Tous connectés pour un usage limité
Premier constat de l’enquête menée par netpolitique.net : 89 % des députés interrogés utilisent une connexion internet depuis leur permanence parlementaire, tandis que 70 % se connectent depuis leur bureau à l’Assemblée nationale. Ils ne sont que 35 % à surfer sur le Réseau depuis leur domicile. Leur intérêt pour le Web remonte, pour la majorité d’entre eux, à 1997. La moitié de ceux qui ont répondu au sondage ne se sont pourtant équipés qu’entre 1998 et 1999. Ces dates correspondent, selon l’étude, au début de la législature (1997), où chaque député a reçu une dotation financière pour s’équiper en micro-informatique et en bureautique. Pour ce qui de l’usage de cette connexion : elle sert surtout aux élus à jeter un œil au contenu de leur messagerie électronique, avant d’effectuer des recherches documentaires ou de faire un tour sur les sites institutionnels.
Les députés peu sollicités par les électeurs
L’étude ne dit pas si les élus consultent eux-mêmes leur courrier, mais dévoile qu’ils en reçoivent en quantité raisonnable : 10 à 50 mails par semaine pour 36,9 % d’entre eux ; 50 à 100 mails pour 34 %. Si la quantité semble faible c’est, selon l’étude, parce que les adresses électroniques des députés manquent de visibilité. De plus, seuls 37,9 % des députés interrogés possèdent un site lié à leur activité parlementaire (par ailleurs les auteurs de l’étude ont recensé en tout 85 sites de députés sur 577).
Utilisation déléguée aux membres de l’équipe
À la question "Qui gère votre site ?", 86,5 % désignent un "membre de l’équipe parlementaire". Pour ce qui concerne la gestion technique des sites, 51 % des réponses font également état d’un membre de l’équipe et 40 % mentionnent le recours à une agence spécialisée. "Si l’existence d’un site de député n’exige pas de celui-ci une pratique personnelle du Web, la création d’un site dépend néanmoins de l’intérêt qu’il a décidé d’y consacrer", analyse le document. On peut regretter l’absence d’information sur le budget consacré à leur site par les députés, indicateur essentiel de l’intérêt qu’ils peuvent porter à l’outil.
Députés connectés mais pas branchés
Quant aux perspectives numériques ouvertes par un calendrier électoral chargé (les législatives et la présidentielle de 2002), le résultat est ambigu : 29 % des députés ne comptent ni créer un nouveau site ni modifier un site existant dans la perspective de leur campagne. Mais presque autant (27 %) répondent positivement. Quant au rôle que pourra jouer Internet dans la prochaine campagne, les députés de droite comme de gauche sont plutôt sceptiques. 23 % à gauche et 18 % à droite jugent que le Net jouera un rôle important. Mais 22 %, de chaque côté de l’échiquier politique, estiment cependant le contraire... À cette aune, les élections de 2002 ne s’annoncent toujours pas très Net.