L’an dernier, les places de marché électroniques se sont multipliées, soutenues par des prévisions de croissance mirobolantes du commerce B-to-B sur Internet et par un afflux massif de capitaux en provenance des investisseurs.
 Peggy Pierrot |
Enterrée la grande mode du
business to consumer (B-to-C) : l’année 2000 aura vu le couronnement du
business to business (B-to-B ou B2B), l’Internet dédié aux échanges interentreprises. Et plus particulièrement autour des places de marché électroniques, ces carrefours virtuels de rencontre entre plusieurs acheteurs et plusieurs fournisseurs. "
En 2001, 200 milliards d’euros de transactions interentreprises seront réalisés par le biais d’Internet, soit à peine 1,5 % de la totalité du commerce B-to-B. Mais en 2004, elles devraient s’élever à 1 800 milliards d’euros", prédit James Mac Aonghus, analyste au cabinet d’études Jupiter MMXI. En outre, les places de marché électroniques devraient prendre le pas sur les sites de commerce électronique gérés par un vendeur unique, jusqu’à capter 56 % des transactions B-to-B sur Internet en 2004, d’après l’Internet Data Corporation (IDC).
Horizontales ou verticales
En quelques mois, d’innombrables marketplaces se sont lancées, dans à peu près tous les secteurs (automobile, produits chimiques, textile…). Le principe général reste toujours le même : mettre en relation, par le biais d’Internet, plusieurs acheteurs et plusieurs vendeurs, afin que tous en retirent des bénéfices. Pour les premiers, cela se traduit par des économies sur leurs achats, mais aussi sur leurs coûts de transaction, une plus grande facilité à dénicher des fournisseurs, bref une meilleure maîtrise de leur chaîne d’approvisionnement (supply chain), depuis la définition du besoin jusqu’à la facturation et la livraison. Les seconds y gagnent l’accès à de plus nombreux acheteurs potentiels, tout en réalisant des économies sur leurs frais de prospection.
Au-delà de ces caractéristiques générales, plusieurs catégories de places de marché ont vu le jour. Les places de marché verticales se concentrent ainsi sur un secteur d’activité et traitent toutes les transactions spécifiques à ce secteur. C’est, par exemple, Foodstrading pour les produits de la mer ou eu-supply.com dans le BTP. À l’inverse, les places de marché horizontales s’adressent aux entreprises de tous les secteurs, mais pour un type de produits donné (fournitures de bureau, équipements industriels). On peut également faire la différence entre les places de marché dédiées aux achats stratégiques et celles réservées aux achats de fonctionnement.
L’euphorie passée…
Enfin, les places de marché ressemblent à leurs initiateurs. Les modèles économiques diffèrent en effet selon qu’ils sont supportés par de grands donneurs d’ordres (comme General Motors, Ford et Daimler-Chrysler, rejoints par Renault-Nissan, dans Covisint), des fournisseurs (comme le projet de marketplace commune entre Valeo et plusieurs autres équipementiers automobiles) ou par des indépendants (par exemple, Celtipharm dans les produits pharmaceutiques). Les places de marché inféodées à de grands intervenants (acheteurs ou vendeurs) espèrent compenser les investissements consentis pour se mettre en place et fonctionner grâce aux économies qu’elles sont censées générer. Les indépendants, eux, tâtonnent pour trouver un modèle de revenus mélangeant formules d’abonnement, commissions sur les transactions ou encore facturation de services additionnels (conseil juridique, assistance technique…).
Aujourd’hui, passée la période d’euphorie, accélérer son cheminement vers la rentabilité est devenu vital. Une pléthore de places de marché se sont lancées, si bien que certains secteurs sont saturés d’acteurs entre lesquels un tri s’opérera certainement. Et ceux qui n’auront pas drainé une masse critique de transactions, ni approché la rentabilité, auront toutes les peines du monde à convaincre des investisseurs de les refinancer.