L’Allemagne hésite encore à libéraliser le commerce électronique de médicaments sur le Net.
Les pharmaciens et grossistes en médicaments allemands viennent de marquer un point dans la guerre qui les oppose au pharmacien online hollandais DocMorris. À la demande de Gehe AG, le plus important grossiste européen, le tribunal de Stuttgart vient en effet de délivrer un jugement en référé qui interdit à DocMorris de livrer sur tout le territoire allemand des médicaments commandés sur Internet. Toute entorse sera punie par une amende pouvant atteindre 1,7 million de francs.
Réglementation ou compétition ?
Le conflit qui oppose les deux partis a démarré en juin 2000, date à laquelle DocMorris a commencé à proposer des médicaments à des "prix européens unitaires" en Grande-Bretagne, aux Pays-bas, mais aussi en Allemagne. Or, la vente de médicaments via le Web est toujours interdite en Allemagne. Pour combien de temps encore ? Fin septembre, Andrea Fischer, la ministre fédérale de la Santé, estimait ainsi qu’une telle interdiction ne pourrait tenir longtemps : "Pourquoi ne pas se soumettre à la compétition et la gagner en proposant une meilleure offre ?", a-t-elle ainsi proposé aux pharmaciens lors des Journées de la pharmacie de Cologne. Pour l’instant, les fédérations professionnelles de pharmaciens justifient leur méfiance vis-à-vis de la Toile en évoquant le manque de contrôle et les risques d’escroquerie qui concernerait près de 10% des médicaments proposés en ligne. Mais la vraie raison de leurs réticences est surtout la volonté de conserver le contrôle d’un marché qui pèse environ 160 milliards de francs par an. À côté de la mise en place d’une "défense active" face à l’envahisseur étranger, plusieurs associations de pharmaciens préparent, elles aussi, le lancement de leurs propres sites de vente en ligne.