Il y en a qui n’ont pas besoin de se projeter très loin dans l’avenir d’Internet pour voir la vie rose. Kevin O’Connor, PDG de DoubleClick (258 millions de dollars de chiffre d’affaires, des bannières sur 13 000 sites), est de ceux-là. Il prédit un avenir radieux pour le Web.
En
ligne, on peut personnaliser les messages publicitaires,
et transformer le rêve du marketing direct en
réalité. C’est ce qui fait que DoubleClick
n’est pas une boîte de pub à l’ancienne.
C’est aussi un pro du marketing brassant les bases
de données on line. Cette double compétence
lui ouvre un immense marché sur Internet. D’autant
qu’il n’y a jamais eu de média aussi dévoreur
de pub du moins, aussi dépendant delle.
Le Réseau est entièrement contaminé
par le marketing de la "gratuité".
Logiciels, accès, courrier électronique,
plus rien ne s’achète, tout s’offre. Les Net-entrepreneurs
se rattrapent donc en partant à la chasse aux
"eyeballs", c’est-à-dire aux
internautes, et en faisant valoir leurs trophées
auprès des annonceurs. Kevin O’Connor peut
se vanter de faire tenir debout tout un pan de l’industrie
du Net
C’est sans doute pour cette raison que les organisateurs
du Think Tank Summit, une conférence "hors
d’uvre" du Milia, lui ont demandé
de deviser sur le futur d’Internet. Le bonhomme s’est
fendu de quelques vérités vraiment vraies
:
- Internet ne sera plus un luxe, mais une nécessité.
Même les femmes et les enfants vont pouvoir
surfer
Eh ben, dis donc !
- Cette industrie sera caractérisée
par une diversité incroyable. Pour une
méga-fusion à la AOL Time Warner, prétend
Kevin O’Connor, un millier d’entreprises naissent.
Jamais un câblo-opérateur ou une télé
ne pourra mettre la main sur le Réseau.
- La question ne sera pas : que pourra-t-on acheter
en ligne ? Mais qu’est-ce qui ne s’achètera
pas on line ? L’orateur souligne que 80 % des
gens qui achètent une voiture aujourd’hui prennent
leur décision en ligne (et concluent off line).
- Le B to C c’est has been ; le C to B c’est bien
mieux. Autrement dit, le pouvoir des consommateurs
devient tellement fort sur Internet que le rapport
"business to consumer" s’inverse. En pratique,
cela se traduit par un moins grand intérêt
pour le "push", la technologie consistant
à transformer votre ordi en télé,
compensée par un engouement pour les infomédiaires
et le "filtrage" des contenus. Un
peu ce que fait )transfert, quoi. En matière
de-commerce, la personnalisation est l’option
gagnante. Et pour la pub, c’est DoubleClick, bien
sûr : une publicité plus informative,
s’appuyant sur des moteurs de recherche et l’aide
à l’achat.
- La convergence des terminaux, quelle sottise.
Pas question de jeter mon ordi portable quand mon
mobile parlera l’Internet. Je veux les deux, plus
ma télé interactive.
- De plus en plus de produits et de services vont
être gratuits. Kevin O’Connor a bien expliqué
que c’était la "marge brute négative"
du commerce électronique qui faisait marcher
son commerce à lui. S’ils ne gagnent pas d’argent
sur les ventes, les commerçants n’ont plus
qu’à s’en remettre à la pub.
- Les entreprises traditionnelles vont réussir
sur Internet. Chaque séminaire Internet,
ça recommence : on vous dit que les business
à l’ancienne va reprendre du poil de la bête.
Cette fois, Kevin O’Connor livre la recette miraculeuse.
"Faites valoir vos atouts. Réalisez
des investissements (stratégiques) minoritaires.
Achetez quelqu’un. Créez une filiale séparée,
et faîtes venir des investisseurs extérieurs."
Facile, non ?