Les plus grandes maisons de disques projettent toutes d’installer des systèmes anti-piratage sur les CD de leurs artistes. Nous avons testé le seul qui soit déjà en place, le Key2audio, de Sony Music. Verdict : copie à revoir.
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En cette rentrée 2002, le petit monde de l’édition musicale s’agite autour d’une seule et même préoccupation : mettre fin aux copies pirates de CD audio, effectuées par le biais des fichiers MP3. Pour empêcher ces pratiques illégales, les trois plus importantes maisons de disques, Sony Music (Michael Jackson, Jennifer Lopez, Destiny’s Child, etc.), Universal Music (Bjork, U2, Noir Désir, etc.) et Virgin (qui a fusionné avec EMI et qui distribue notamment Moby, Gorillaz ou les Beatles) semblent privilégier la même solution : la mise en place de systèmes anti-piratage sur les CD. Cette semaine, les événements se sont précipités. Le 24 septembre, on apprenait que Sony Music avait doté
le dernier CD de Michael Jackson d’un système qui empêche sa lecture sur les ordinateurs, Mac et PC. Le lendemain, Jean Marie Messier, PDG de Vivendi Universal, déclarait qu’un dispositif de lutte contre le piratage serait progressivement installé, à partir du mois d’octobre 2001, sur tous les disques distribués par Universal Music. Le même jour, Thibault Court, responsable New Médias chez Virgin France, indiquait à
Transfert que "
différents systèmes anti-piratage sont actuellement à l’étude au siège anglais de Virgin-EMI".
Efficacité très relative
Pour l’instant, seul Sony Music a mis ce principe en application. Son système propriétaire, appelé Key2audio, doit normalement empêcher la lecture des CD audio dans le lecteur des PC et des Mac. ...videmment, les fans de musique qui possèdent une chaîne HiFi placée à proximité de leur ordinateur peuvent relier la sortie casque de la première à l’entrée de la carte son du second, et réaliser, avec l’aide d’un logiciel d’acquisition approprié, autant de fichiers MP3 qu’ils le désirent. Mais, à Transfert.net, nous avons voulu mettre à l’épreuve le nouveau système de protection. C’est ce que nous avons fait avec le dernier disque promotionnel de Leonard Cohen, Ten new songs. Malgré l’impressionnant logo qui s’affiche au dos du disque (un ordinateur barré d’un épais trait rouge), il n’a fallu que quelques secondes pour que celui-ci fonctionne sur un G4 d’Apple. Certes, le Macintosh utilisé a commencé par perdre les pédales. Mais il a suffi de valider la fenêtre "Voulez vous initialiser ce disque ?" pour que Leonard Cohen fasse entendre sa voix suave quelques secondes plus tard. Pour les PC, la manipulation s’est montrée plus ardue : sur quatre machines testées, une seule a bien voulu reconnaître le disque, sans intervention de notre part, après environ quatre minutes. Sur les trois autres, nous avons téléchargé un fichier système qui transforme les fameux fichiers illisibles par Windows en fichiers connus (il modifie les extensions des fichiers pour les faire apparaître sous forme de .Wav). Et là, surprise : après quelques minutes, nous avons entendu les premières mesures d’In my secret Life, la première chanson du disque, sur l’une des machines. Mais deux des quatre PC n’ont rien voulu savoir. Au total, nous n’avons passé qu’une heure à tenter de faire chanter Léonard Cohen sur nos PC. Mais nous ne doutons pas que des fans d’informatique, plus doués et plus patients que nous, sauront déjouer les pièges du Key2audio, le système de sécurité pas vraiment sécurisé de Sony. Et si, de leur côté, Universal et Virgin installent des systèmes similaires pour éviter les copies de leurs artistes respectifs, les accros du MP3 n’ont pas trop de souci à se faire...