En Gironde, 214 électeurs ont testé le vote électronique lors du premier tour des présidentielles. Globalement, les choix des votants électroniques ne diffèrent pas de ceux des électeurs traditionnels. Sauf pour deux candidats : Arlette Laguiller et Jean Marie Le Pen.
Au bureau de vote n°3 de Mérignac (une commune située près de Bordeaux), le 21 avril dernier, on a voté... électronique. Un mois avant les élections présidentielles, le maire avait convié les électeurs dépendant de ce secteur à venir se faire délivrer, à la mairie, leur carte de vote électronique. Une carte qui associe un numéro spécifique à l’empreinte digitale de l’électeur. Le jour du scrutin, 214 électeurs sur les 502 votants du bureau n°3 ont accepté de participer à ce test de vote électronique, organisé notamment par France Télécom, Siemens et Aquitaine Europe Communication. Ces électeurs-cobayes ont voté une première fois de façon traditionnelle, avant de recommencer la manœuvre dans sa version cyber.
Posez votre doigt
La procédure s’est révélée plutôt simple : après avoir introduit leur carte dans une machine et apposé leur doigt sur un réceptacle muni de capteurs pour procéder à leur identification, les votants se sont rendus dans l’isoloir. Derrière le rideau, se trouvait une borne électronique à écran tactile les invitant à appuyer sur le nom du candidat de leur choix. Pour confirmer et valider leur vote, ils devaient ensuite, une nouvelle fois, apposer leur doigt sur un receptacle spécifique et introduire leur carte dans la borne. Les votes ont ensuite été cryptés, puis envoyés à un serveur où un logiciel s’est chargé de calculer les résultats.
« Nous n’avons rencontré que des problèmes minimes, explique Laurent Pierre Gilliard, directeur des informations d’Aquitaine Europe Communication. Développé pour Windows 2000, le logiciel, installé sur un ordinateur équipé de Windows 98, a demandé plusieurs redémarrages de la machine. Et au moment de la publication des résultats, à 19h02, nous avons voulu trop bien faire : la présentation PowerPoint a subi quelques cafouillages, et les résultats du vote électronique se sont fait attendre pendant 20 minutes. Mais ces petits problèmes devraient disparaître lors du second tour ».
Une procédure jugée sûre et simple
Interrogés à la sortie des urnes, les cybervotants semblaient plutôt satisfaits : 94,2% se sont déclarés favorables au passage du système de vote classique au système de vote électronique, 97,1% ont jugé le système facile à utiliser, et 79,6 pensaient que le système était fiable. Plus étonnants, les résultats des choix des électeurs « traditionnels » et « cyber » n’ont pas montré de différence significative. Sauf pour deux candidats : Arlette Laguiller et Jean Marie Le Pen. Alors que la cheftaine de Lutte Ouvrière a obtenu 8,2% des voix chez les « votants traditionnels », elle n’a récolté que 3,7% des voix des cyber-électeurs. Quant à Jean Marie Le Pen, il a obtenu 9.8% des « voix traditionnelles », et seulement 2,8 % des voix électroniques. Les électeurs qui choisissent des candidats situé à l’extrême droite ou à l’extrême gauche redouteraient-ils un éventuel piratage de leur vote qui rendrait leur choix public s’il s’effectuait sous forme électronique ? Une hypothèse parmi d’autres, qui demande en tout cas confirmation au vu des résultats du second cyber-tour.
A l’occasion de l’émission spéciale sur la e-démocratie de la chaîne parlementaire Public Sénat, le 24 avril à 18h, participez aussi au forum public mis en place sur ce thème.
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