Porc clonés ou cellules foetales : les voies de la greffe restent impénétrables...
Deux techniques jugées prometteuses en matière de greffe et de régénération d’organes humains viennent d’être remises en cause par leurs premiers résultats expérimentaux. Ces expériences concernaient d’une part, le clonage d’un donneur animal potentiel, le porc ; d’autre part, l’utilisation de cellules nerveuses embryonnaires.
En ce qui concerne les animaux donneurs, une équipe sino-américaine vient de s’apercevoir qu’en raison d’un mystérieux syndrome "de la mort subite du clone", ils ne peuvent maintenir en vie plus de 6 mois leurs clones de porcs. Une durée trop courte pour obtenir des greffons fonctionnels.
Quant aux recherches à partir de cellules souches prélevées sur des embryons, on vient de s’apercevoir que les patients atteints de la maladie de Parkinson à qui l’on avait greffé ce type de cellules nerveuses ont vu leur état empirer depuis l’opération.
Le porc et l’homme, copains comme cochons
En matière de xénogreffe (un terme qui désigne la transplantations d’organe d’une espèce à une autre), le porc est depuis longtemps considéré comme le meilleur candidat donneur pour l’homme. Facile à élever, il présente une physiologie et un système immunitaire relativement proches de l’homme. Il est en outre moins susceptible de transmettre des virus à l’homme que les primates. On espère ainsi un jour pouvoir produire, par clonage, des porcs transgéniques dotés d’organes "humanisés", susceptibles d’être greffés sans entraîner de rejet immunitaire. Toutefois, le clonage de ces animaux ne semble pas encore vraiment maîtrisé.
Xiangzhong Yang et ses collaborateurs du Center for Regenerative Biology de l’université du Connecticut semblaient pourtant sur la bonne voie : leur nouvelle technique de clonage paraissait en effet beaucoup moins agressive que celle qui avait permis de cloner la brebis Dolly. Les chercheurs américains ont ainsi pu annoncer le 28 mai dernier dans la revue Biology of Reproduction qu’ils étaient parvenus à faire naître à terme 4 porcelets clonés. Entre temps, tous les animaux sont morts d’une malformation cardiaque. Yang reconnait désormais dans Nature que cette malformation est directement liée au clonage.
Selon eux, l’ADN des cellules adultes clonées, doit au préalable être "reprogrammé" pour pouvoir "piloter" correctement l’embryogenèse et assurer une bonne formation des organes au cours du développement foetal. Pour l’instant, on sait très peu de choses sur les mécanismes qui permettent cette reprogrammation, ce qui explique pourquoi les quelques mammifères clonés jusqu’à maintenant sont généralement morts prématurément.
mauvaises greffes
On attendait par ailleurs beaucoup des greffes de tissus prélevés sur les fœtus humains pour traiter les maladies dégénératives, notamment neurologiques. C’est dans ce but que Warren Olanow et ses collaborateurs de l’Ecole de Médecine du Mount Sinaï Hospital de New York ont implanté du tissu nerveux fœtal dans le cerveau de patients atteints de la maladie de Parkinson. Ils espéraient ainsi pouvoir régénérer et remplacer les neurones à dopamine détruits par la maladie.
Plusieurs mois après cette expérience, Olanow et ses collaborateurs reconnaissent, dans la revue Nature, que les patients traités, loin de connaître une régression de leurs symptômes, ont tout au contraire vu leur maladie s’aggraver. Ce qui montre que le tissu greffé n’a pas réussi à s’implanter et proliférer. Voire qu’il a été rejeté par le système immunitaire, ce qui n’est pas censé arriver avec du tissu embryonnaire. Selon Olanow, ce résultat risque de fournir des arguments supplémentaires aux adversaires de l’exploitation des cellules souches embryonnaires à des fins thérapeutiques.
En effet, comme dans le cas du clonage des mammifères, les mécanismes moléculaires qui régissent le développement, la reconnaissance et la survie des organes et des tissus biologiques des mammifères sont encore largement méconnus. Ces deux expériences viennent d’en fournir la preuve.