Greenpeace annonce que le maïs mexicain est menacé par une grave contamination génétique. L’incertitude, entretenue par les divergences entre scientifiques, plane sur les risques réels entraînés par les OGM...
"Halte à l’importation du maïs transgénique." Déguisé en Frankenstein, affublé des logos des firmes agroalimentaires qui ont exporté du maïs transgénique au Mexique (Monsanto, Aventis, Dupont, etc.), un militant écologiste mexicain clame sa colère sur le communiqué de Greenpeace. Il y a de quoi : des tests réalisés en Oaxaca, une région située au nord du pays, ont montré que, sur 22 communautés productrices de maïs dans la région, 15 étaient affectées par une contamination génétique sans précédent. Sous l’effet de la pollinisation, des champs de maïs traditionnels présentent des traces de maïs génétiquement modifié.
Le Mexique, berceau du maïs
Pour Greenpeace, le problème est d’autant plus grave que le Mexique est le pays qui a abrité les premières espèces du maïs. Aujourd’hui encore, on y trouve un très grand nombre de variétés. Le directeur de Greenpeace Mexique, Raul Benet, exhorte donc, depuis plusieurs jours, les autorités du pays à prendre des mesures exceptionnelles pour enrayer la crise. "Le monde court le risque de perdre une diversité unique d’espèces de maïs (...) qui permet d’assurer la sécurité alimentaire de tous, aujourd’hui et demain", affirme t-il dans un communiqué. Les résultats présentés par l’ONG paraissent en effet alarmants. Treize échantillons, prélevés dans des cultures traditionnelles, ont ainsi révélé que 3 % à 10 % des plants étaient contaminés par du maïs transgénique. Plus inquiétant encore, le taux de contamination dans deux autres parcelles pourrait dépasser, selon Greenpeace, les 60 %. Un chiffre que les autorités mexicaines ont refusé de confirmer. Les variétés contaminées seraient affectées par des gènes Bt (Bacillus Thuringiensis). Ajouté au patrimoine génétique des plantes, ce gène permet d’éliminer la pyrale, un insecte qui dévore de l’intérieur de nombreux plants de maïs. Selon Greenpeace, "ces variétés [génétiquement modifiées] ont de grandes chances de disséminer des gènes étrangers dans des variétés conventionnelles avec des conséquences imprévisibles".
Débats scientifiques
Une hypothèse que rejette Francine Casse, biochimiste moléculaire à l’INRA (l’Institut national de recherches agronomiques). "Le terme de contamination me laisse rêveuse, affirme-t-elle. La pollinisation est un phénomène naturel, et la transgénèse ne modifie en rien cet état de fait." Et de souligner que les tests réalisés ne sont pas encore fiables . "Avec l’utilisation de plants OGM, ajoute-t-elle, on aura moins d’imprévus car au moins, on sait ce qu’on fait." Des arguments qui laissent ...ric Gall, responsable de la campagne anti-OGM à Greenpeace, pour le moins sceptique. "Les OGM posent des risques à long terme : des risques écologiques, bien sûr, mais aussi des conséquences liées à une pollution auto-entretenue qui menace la biodiversité", affirme-t-il. Un sentiment partagé par le Professeur Bernard Herzog, ancien biologiste, auteur du livre La transgénique : les premiers signes d’une catastrophe (2000, éd. du CRAM ). "Tout ça est très rusé, car on ne peut prévoir les conséquences des OGM qu’au bout de 30 ans", prévient-il. Les scientifiques, divisés sur la question, se rejoignent sur un point : la diversité génétique et végétale reste indispensable pour assurer la survie de la planète. C’est tout l’enjeu de la prochaine conférence intergouvernementale du 1er octobre prochain à Nairobi (Kenya). Cette réunion doit permettre de relancer le Protocole international de biosécurité, bloqué depuis deux ans.
Les communiqués de Greenpeace:
http://www.greenpeace.fr/campagnes/...
http://www.greenpeace.org.mx/php/boletines.php?n=178
http://www.greenpeace.org.mx/php/bo...
L’INRA (Institut national de recherches agronomiques):
http://www.inra.fr