L’institut de sondage Taylor-Nelson-Sofres a mené une enquête sur l’e-gouvernement dans 26 pays. Pas fameux pour la France, qui a encore un trop petit nombre d’internautes.
On est toujours mal récompensé de ses efforts. En matière d’e-gouvernement, Michel Sapin, le ministre de la Fonction publique, doit méditer l’adage. Lui qui s’est attelé au passage de l’administration française à l’ère numérique reçoit, indirectement, des messages peu flatteurs. Il y a quelques semaines, une enquête américaine plaçait la France au onzième rang de 196 pays proposant des services publics en ligne. Elle ne décolle pas de cette onzième place, dans la dernière étude publiée, cette fois, par Taylor Nelson Sofres. Mais là, c’est onzième sur... 26. Ce classement a inspiré le titre de la communication sur l’étude, "e-gouvernement : la France à la traîne". On a beau connaître la limite des titres, cela ne fait pas plaisir à tout le monde. En particulier à l’entourage du Ministre qui s’apprête dès demain, jeudi 15 novembre, à dévoiler la seconde étape de son plan pour l’e-administration lors d’un CIRE (Comité interministériel pour la réforme de l’...tat).
Pas de jugement sur les sites
Ce que dit l’étude menée conjointement dans 26 pays, à l’initiative du réseau "Recherche sociale et gouvernement" de l’institut de sondage, est plus nuancé. D’ailleurs, la Sofres n’attend même pas qu’on lui pose la question, comme empêtrée dans la gestion de ses relations diplomatiques avec le gouvernement (ou avec les futurs candidats commanditaires de sondages politiques...) : "L’enquête ne porte pas de jugement sur les sites gouvernementaux, mais elle évalue l’utilisation que les internautes en font", s’excuse presque Stéphane Marcel, chargé de la communication. Ça tombe bien, parce que c’est aussi le message qui filtre de la sphère ministérielle... Axe de défense : il n’y a pas encore assez d’internautes en France.
Paranos les Allemands et les Français
On apprend donc que sur 1 000 personnes sondées en France les 27 et 28 juin derniers, un gros tiers seulement (33 %) se déclare internaute. Et, surtout, que tous les internautes déclarés ne se précipitent pas pour surfer sur les sites publics. 14 % seulement de ceux qui les fréquentent y vont pour "rechercher de l’information", mais seulement 6 % y téléchargent des formulaires administratifs. À comparer avec : 41 % des Norvégiens, 39 % des Danois, 37 % des Finlandais, 36 % des Canadiens, 27 % des habitants de Hong Kong qui y recherchent régulièrement de l’information.
Le bât blesse plus durement encore au sujet de l’idée que les internautes se font de la sécurité sur les sites gouvernementaux. Premiers au classement de la parano ? Les Allemands dont... 85 % disent ne pas en être sûrs. Les Français se positionnent juste derrière sur cet échiquier de la trouille : 84 %. Cet état d’esprit des Français confirme une précédente étude de l’institut de sondage sur le e-commerce.