Les Etats-Unis cherchent à étendre les limites légales de leurs fonds sous-marins
Les Etats-Unis ont confié à des chercheurs de l’Université du New Hampshire un programme de recherche sur les fonds sous-marins se trouvant au-delà de la limite des 200 milles marins, définie en 1982 par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Un article du quotidien américain Boston Globe expose le but de ces travaux : déposer, d’ici à 2009 -comme le prévoit une annexe peu connue de la Convention-, une demande d’extension de la limite de leur plateau continental. D’autres pays sont sur les rangs pour obtenir un droit sur ces ressources sous-marines méconnues mais potentiellement énormes... et rentables.
Dans un article du 11 mai, le Boston Globe rapporte qu’une équipe de chercheurs de l’université du New Hampshire s’est vu confier la direction d’un projet de cartographie pour déterminer les limites exactes du plateau continental des Etats-Unis.
La Convention des Nations unies sur le droit de la mer définit légalement les limites du plateau continental de plus de 150 pays côtiers à 200 milles marins (environ 370 kilomètres) de la côte.
Pourtant, l’annexe II de la Convention, peu connue, prévoit que les pays peuvent déposer une demande d’extension auprès de la Commission des limites du plateau continental au-delà de 200 milles marins, dans les 10 ans suivant la date à laquelle ils ont ratifié le texte. Pour les pays ayant adhéré à la Convention il y a plus de 10 ans, les Nations Unies ont donné un délai supplémentaire, jusqu’en 2009.
Une extension à 1300 milliards de dollars
Pour faire cette demande, les Etats doivent produire des données précises sur leur plateau continental, ses limites et son contenu. C’est ce que les chercheurs du Centre de cartographie côtière et océanique de l’université du New Hampshire cherchent à déterminer. Ils ont reçu un financement de 3,2 millions de dollars du Congrès américain pour leurs recherches, qui se concentreront principalement sur les côtes de l’Alaska, du Nord-Est des Etats-Unis et de la Floride.
Si les contours et la composition des fonds sous-marins sont déjà assez bien connus des scientifiques, les chercheurs de l’université du New Hampshire pensent arriver à de meilleurs résultats avec leur technique de sonar "multi-faisceaux".
Parmi les ressources que les pays comptent exploiter dans ces fonds, on trouve du pétrole, du gaz et des minéraux. Mais les chercheurs espèrent aussi que d’autres trésors méconnus s’y cachent, comme les coraux de mer profonde, que le Boston Globe estime prometteurs pour l’industrie pharmaceutique.
Le quotidien américain cite une estimation, établie par le magazine Science, de la valeur des ressources que les Etats-Unis peuvent espérer s’il obtiennent une extension : 1300 milliards de dollars.
Par ailleurs, avec l’avancée des techniques de forage, qui permet d’intervenir à des profondeurs toujours plus grandes, l’intérêt économique que réprésentent ces régions sous-marines ne fait que croître.
"Nous sommes très confiants dans notre capacité à étendre les limites de notre plateau continental", affirme Larry Mayer, le directeur du Centre de cartographie côtière et océanique du New Hamsphire, dans un communiqué du 5 mars.
A ce jour, les Etats-Unis ne font pas encore partie des signataires de la Convention, mais le Boston Globe estime qu’il n’y a plus d’obstacle à sa ratification, qui devrait intervenir dans les prochaines années.
Le projet de cartographie va dans ce sens et doit permetttre de réunir les informations pour obtenir une extension auprès de la Convention des Nations unies, comme les données sismiques, l’épaisseur des sédiments ou la forme des fonds marins.
Russie et USA face à face
La Commission qui étudie les demandes d’extensions est composée de 21 membres, "experts en matière de géologie, de géophysique ou d’hydrographie, élus par les Etats parties", ainsi que le précise l’annexe II de la Convention.
Le Boston Globe rappelle que le seul pays avoir déjà déposé une demande est la Russie, mais qu’une douzaine d’autres nations préparent déjà des dossiers scientifiques dans ce but, d’ici à 2009.
Le potentiel des ressources promet de donner lieu à des litiges internationaux importants dans les années à venir. En effet, ainsi que le précise l’annexe II, "les actes de la Commission ne préjugent pas les questions relatives à l’établissement des limites entre Etats dont les côtes sont adjacentes ou se font face." La demande de la Russie, rappelle le Boston Globe, pose déjà problème et est contestée par... les Etats-Unis.
"US is seeking new riches with claims to ocean floor" (Boston Globe):
http://www.boston.com/dailyglobe2/1...
Le communiqué de presse de l’Université du New Hampshire:
http://www.ceps.unh.edu/news/releas...
La section Océans et le droit de la Mer du site des Nations Unies:
http://www.un.org/french/law/los/un...
Le texte de la Convention des Nations Unies sur le droit de la Mer:
http://www.un.org/french/law/los/un...
Le site du Centre de cartographie côtière et océanique (Université du New Hampshire):
http://www.ccom.unh.edu