L’entreprise de reconnaissance vocale, en dépôt de bilan depuis novembre 2000, devrait être contrainte à la liquidation. La vente de ses actifs doit permettre de rembourser une partie des dettes. Ses deux fondateurs et anciens dirigeants ont été arrêtés hier.
Lernout & Hauspie risque fort de disparaître. Elle devait en effet annoncer aujourd’hui à ses actionnaires, au cours d’une assemblée générale extraordinaire, la cession programmée de la plupart de ses actifs. En outre, on a appris ce matin l’arrestation, hier matin, des deux fondateurs de l’entreprise, Jo Lernout et Pol Hauspie, écroués pour avoir falsifié les comptes de la société et manipulé le cours de Bourse.
L’année dernière, l’entreprise belge flamande de reconnaissance vocale faisait pourtant figure de valeur phare du Nasdaq. Mais en août 2000, le scandale éclate : la société a gonflé ses revenus en provenance de Corée du Sud et de Singapour. Or, quelques mois plutôt, elle avait prétendu que cette zone assurait l’essentiel de sa croissance. Aussitôt, le cours de Bourse s’effondre et doit être suspendu début novembre. Jo Lernout et Pol Hauspie sont contraints de se retirer et c’est alors Philippe Bodson qui reprend les rênes de la société. Initialement, son objectif était de redresser la société pour en assurer la survie.
Les actionnaires ont tout perdu
Il faut croire que le montant des dettes - estimées à plus de 600 millions de dollars, plus de 4,5 milliards de francs - et l’écroulement général des valorisations des sociétés de technologie ne lui ont pas permis de parvenir à ses fins. L’assemblée générale prévue aujourd’hui est la première à se tenir depuis la révélation des pratiques frauduleuses des membres de la direction de Lernout & Hauspie. On peut donc s’attendre à des précisions sur l’étendue de la fraude. Une révision des statuts de la société était également à l’ordre du jour, mais le quorum n’a pas été atteint et cette réforme n’a donc pu être entérinée. Quant à la vente des actifs de Lernout & Hauspie, qui devait être officialisée, c’est une bien mauvaise nouvelle pour les actionnaires. Ceux-ci perdraient pratiquement tout espoir de récupérer leur investissement, les actifs de Lernout & Hauspie ne suffisant pas à rembourser ses dettes. La banque Credit Suisse First Boston se chargerait de superviser la cession.