Une petite association culturelle française (baptisée Leonardo) est poursuivie en justice par un groupement de capitaux-risqueurs (nommé Leonardo). Motif du litige : les argentiers affirment que les cultureux n’ont pas le droit d’utiliser ce nom dans leurs pages Web...
Ce serait à mourir de rire si ce nétait
à pleurer... Une petite association culturelle
française, nommée Leonardo, est actuellement
poursuivie en justice par un groupement de capitaux-risqueurs,
baptisé, lui aussi, Leonardo. Récapitulons.
Transasia Corporation, groupement dargentiers,
a déposé à lINPI (Institut
national de la propriété industrielle)
et lors de sa création en 1995, plusieurs noms
de marque : Leonardo, Leonardo Finance, Leonardo Experts,
Leonardo Partners et Leonardo Invest. Grand spécialiste
du financement des starts-ups et des entreprises de
nouvelles techno, ce collectif a bien évidemment
monté plusieurs sites Web dans le but dassurer
sa promotion
Et cest là que le bât blesse. Car,
lorsque lon tape "Leonardo"
ou "association Leonardo" sur un
moteur de recherche, on a toutes les chances de tomber
également sur le site de lassociation
culturelle. Cest sur ce point que Leonardo
(Finance) sestime lésé et
attaque Leonardo
(culture). Impossible dattaquer pour plagiat
ou détournement de nom de domaine : lassociation
culturelle utilise, pour ses pages Web, le terme dOLATS
(Observatoire Leonardo des arts et des techno-sciences).
Seul motif de la plainte : contrefaçon de marque
Pour la simple utilisation dun "terme
copyrighté".
Transasia Corporation réclame six millions
de francs de dommages et intérêts à
lassociation OLATS. En novembre dernier, une
perquisition a eu lieu au siège de lOLATS
à Boulogne-Billancourt. Une équipe de
six policiers a débarqué dans les locaux
de l’association afin de constater les faits reprochés.
Selon les responsables, les policiers auraient procédé
à la photocopie de documents où le mot
Leonardo apparaissait et auraient également
consulté des pages Web du site de lOLATS
afin de les imprimer.
Mobilisation du Web
Du côté de lassociation, on saffirme
très perplexe. Annick Bureaud, lune des
responsables lexplique : "Cela fait
plus de 30 ans que lassociation existe et que
nous utilisons ce terme pour nos différentes
activités intellectuelles et artistiques. Nous
publions depuis longtemps une revue et nous avons
édité plusieurs ouvrages. On peut difficilement
nous reprocher davoir voulu nuire à qui
que ce soit." Selon Sébastien Canevet,
professeur de droit et spécialiste des questions
juridiques relatives aux nouvelles technologies, cet
épisode judiciaire incarne "la dérive
actuelle" de la Toile. "Le contenu,
notamment sur le droit des marques, est de plus en
plus contrôlé", précise-t-il.
Sur le Web, la mobilisation sorganise. Fort
de son réseau mondial, la branche américaine
de Leonardo et lISATS (International Society
for the Arts, Sciences and Technology) organisent
la riposte. Un fonds de soutien, alimenté par
des "apports financiers spontanés des
abonnés aux publications Leonardo",
a été créé. En Virginie,
un éleveur de moutons, façon écolo
Net warrior, a même monté une
page Web dédiée à laffaire.
Avec un peu (beaucoup) de provocation, il demande
ironiquement à Transasia Corporation la permission
de baptiser ses moutons
Leonardo !
Liens de l’article :
Association Leonardo : http://www.olats.org/index2.shtml
Leonardo Finance : http://www.leonardofinance.fr/
http://www.rockhousefarm.com/rockleon.htm