Etat d’urgence en Argentine, secouée par les émeutes de la faim, la démission du gouvernement et la répression sévère des manifestations, notamment à Buenos Aires, la capitale. Zéro info sur les sites institutionnels. Indymedia se mobilise.
Les émeutes de la faim en Argentine ont amené le pays, ruiné, à une situation de guerre civile. Le président de la République, Fernando de la Rua, a décrété l’état d’urgence pour trente jours.
De 7 morts, on est passé à 16 ou 18 dans tout le pays, selon les sources, dans la journée de jeudi, et 138 blessés, rapporte l’édition en ligne du quotidien Clarin. La police a procédé à plus d’un millier d’arrestations selon l’agence Reuters. Sur le Net, seuls les médias traditionnels et, dans la foulée, le site de journalisme "open source" Indymedia couvrent les événements. Les sites institutionnels font, eux, silence. Sur celui du ministère de l’Economie, désormais sans titulaire depuis la démission de Domingo Cavallo, la dernière information en date est celle de l’annonce de la conférence de presse du ministre, le 14 décembre. Sur celui de la présidence de la République, à la date du jeudi 20 décembre, l’annonce de la nomination d’un ambassadeur en Pologne et d’un voyage en Uruguay du président que la rue appelle à démissionner...
Chronique des heures sombres
Du côté des contre-pouvoirs, Indymedia s’est mobilisé contre l’arrestation d’un cameraman interpellé près de la Place de Mai. Celle-là même où, depuis la fin de la dictature, les "mères" continuent de se réunir pour réclamer la lumière sur la disparition de leurs enfants. Six d’entre elles ont été blessées dans les affrontements avec la police. Manifs étudiantes, ventes de la production d’usines par des ouvriers impayés, messages de solidarité internationale. Indymedia tient vaillamment la chronique des heures sombres.
Enfin, selon des informations reçues par Transfert, la jeunesse connectée du pays se mobilise en ligne, par e-mails interposés : pétitions à l’adresse du président de la République, appels à manifester pacifiquement devant le palais du gouvernement, munis de casseroles pour tambouriner colère ou désespoir, remplissent les boîtes aux lettres en une chaîne infinie.