Après la mort de plusieurs journalistes en Afghanistan, une équipe de chercheurs du MIT a créé un robot-reporter.
La Home Page du projet « Afghan Explorer » s’ouvre sur une citation du journaliste du Chicago Tribune Don Wycliff, datée du 11 octobre 2001 : « L’expérience a montré encore et encore qu’un public informé et éveillé est la meilleure forme de pouvoir, public ou privé. C’est pourquoi il est très inquiétant de voir les obstacles que place le Pentagone pour empêcher la couverture, sur le terrain, de la guerre contre le terrorisme [...] ». Pour continuer d’assurer l’information du public, même dans des conditions aussi difficiles qu’en Afghanistan, une équipe du MIT (Massachusetts Institut of Technolgy) a imaginé et construit Afghan Explorer, le premier robot journaliste. Dirigés par Chris Csikszentmihalyi, les scientifiques américains ont élaboré un drôle d’engin qui ressemble à un véhicule d’exploration spatiale. Une ressemblance que ne renient pas les créateurs qui déclarent, sur leur site : « Les Etats-Unis envoient bien des robots autonomes dans l’espace, pourquoi ne pourrions-nous pas faire de même pour les points chauds du globe ? ».
Alimenté par des panneaux solaires
Grâce à ses quatre roues motrices, ce cyber journaliste se déplace sur tous les terrains, et particulièrement sur les lieux accidentés où il est appelé à intervenir. Des panneaux solaires disposés sur son dos constituent sa seule source d’énergie. Charge à eux de fournir l’électricité nécessaire à tous les gadgets embarqués dans l’Afghan Explorer. En bon journaliste, l’engin a emporté sa camera pour interviewer les personnes qu’il croise au fil de sa route. Il est aussi muni d’un petit écran vidéo qui permet à l’interviewé de regarder la personne avec qui il discute. Les interlocuteurs communiquent à l’aide d’un microphone et d’un haut-parleur. L’interview est transmise par liaison satellite depuis le terrain -dangereux- jusqu’au centre de contrôle -confortable- aux Etats-Unis. L’Afghan Explorer, qui se pilote à distance, dispose, pour plus de précisions, d’un système GPS et une boussole électronique.
Une tentative vouée à l’échec
Si l’intention est louable, personne n’est dupe : la probabilité que cet engin se rende vraiment en Afghanistan comme annoncé est plutôt faible et surtout, il est peu probable qu’il parvienne à ramener un quelconque travail journalistique. « Regardez pour Daniel Pearl [un journaliste américain du Wall Street Journal, enlevé au Pakistan, puis sauvagement assassiné, ndlr] vous ne pouvez pas envoyer une machine pour ce genre de mission, ça aurait été bien, mais ça ne marchera jamais » explique Daniel Sneider, journaliste au San Jose Mercury, dans les colonnes de Wired. Des obstacles que Chris Csikszentmihalyi lui-même ne cherche pas à cacher, puisque dans le même article, il déclare : « Si des gens voient cette étrange machine avancer vers eux, leur premier réflexe sera probablement de tirer. Cet engin est un véritable aimant à balle, et il y résiste très mal ».