Une partie des responsables de l’hébergeur alternatif espagnol Sin Dominio, qui squattent depuis deux ans un immeuble de Madrid, sont menacés d’expulsion.
"C’est hallucinant." Miquel, l’un des responsables de Sin Dominio ("Sans Domaine"), un hébergeur indépendant espagnol n’en reviens pas. Fin mars, un arrêté d’expulsion est émis par un tribunal local à l’encontre d’El Laboratorio, un squatt madrilène qui accueille des membres de Sin Dominio. La date butoir d’exécution de la mesure est fixée au 6 avril. C’est seulement la veille, le 5 avril, que les avocats d’El Laboratorio trouvent une parade : un vice de procédure, les droits de la défense n’ayant pas été respectés. "Nous n’avons pas pu avoir accès au dossier à temps. De plus, le tribunal qui a pris cette décision n’est pas habilité car des élus locaux et régionaux sont impliqués dans l’affaire, en tant que membres de Sin Dominio. Un autre tribunal doit donc être saisi", explique Endika Zulueta, avocat du centre culturel alternatif. Pour l’heure, l’expulsion est suspendue, mais jusqu’à quand ?
Vide depuis 20 ans
Sin Dominio repose sur un modèle unique en son genre en Espagne. Miquel squatte, avec une trentaine d’autres personnes, un immeuble du quartier populaire Lavapiès, à Madrid. "Nous avons investi cet immeuble en janvier 1999 pour y installer El Laboratorio, un centre culturel alternatif et autogéré", rappelle-t-il. Les okupas (occupants) ont fait de ce bâtiment, vide depuis 20 ans, l’un des lieux les plus vivants de la capitale et du Net espagnol. Le serveur de Sin Dominio, situé ailleurs en Espagne, héberge une centaine de sites d’associations. Des dizaines de rencontres, notamment sur le logiciel libre ou l’accès à Internet pour tous, se sont déroulées dans les locaux d’El Laboratorio. L’immeuble en cause risque d’être détruit. "Pour y mettre quoi à la place ?", demande Miquel. La mairie de Madrid, dirigée par un membre du Parti Populaire (droite), a accepté de rencontrer les responsables de Sin Dominio, afin de trouver une solution. Pour Miquel, "la seule possibilité, c’est d’annuler cet arrêté d’expulsion et laisser vivre le centre".