"Pierre Besnainou, le patron de Liberty Surf, pourrait bien être "l’homme qui crie au loup" du paysage Internet européen." À force d’annoncer que Liberty Surf discute avec tout le monde, il n’obtient qu’une seule chose : plus personne ne le croit, écrit en substance Kevin J. Delaney, dans le Wall Street Journal. Vivendi, Tiscali, Suez-Lyonnaise des Eaux, T-Online, World Online, KPN, Telefónica : la liste des partenaires-potentiels-qui-n’ont-pas-donné-suite n’en finit pas. Pendant ce temps, le cours de l’action Liberty Surf poursuit sa descente aux enfers et perd désormais 85 % par rapport à ses meilleurs niveaux de l’année. Et la crédibilité de Pierre Besnainou suit la même courbe descendante, ironise le Wall Street Journal.
Autodidacte
L’article n’en rappelle pas moins le parcours exceptionnel de cet immigré tunisien arrivé en France à 18 ans. L’homme aujourd’hui âgé de 46 ans, monta seul et sans aucun diplôme le groupe Kaisui (fabricant de téléviseurs), qu’il dut céder après quelques déboires financiers, pour un franc symbolique au groupe Sagem en 1995. Malgré cette mésaventure, Pierre Besnainou réussit en 1999 à convaincre Bernard Arnault ainsi que Philippe Frances (le patron de Darty, filiale du britannique Kingfisher) de lancer le fournisseur d’accès gratuit Liberty Surf. Mais aujourd’hui le vent semble avoir tourné et la cote d’amour de Pierre Besnainou est au plus bas. Certes, son entreprise dispose de suffisamment de trésorerie pour tenir jusqu’en 2002, date fixée pour la rentabilité. Mais ni Liberty Surf ni Pierre Besnainou ne sont au bout de leurs peines : le train des dépenses pourrait être supérieur aux prévisions, l’expansion internationale du groupe n’est pas encore au point et sa stratégie n’est pas très claire. Bref, Pierre Besnainou a besoin, entre autres, d’un conseiller en communication.