Les querelles de chapelles sur les distributions n’affectent pas Vincent et Olivier, deux poids-lourds de l’informatique et du libre. Ils voient l’avenir de linux en rose et se concentrent sur l’entreprise qu’ils montent.
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Tu vois, dans le monde du libre, le marketing n’a pas vraiment sa place. Je veux dire, en tout cas, pour ceux qui développent. Si on s’oriente dans un sens, c’est parce que quelqu’un pense que telle ou telle fonctionnalité peut apporter quelque chose. Pas parce que ça fera joli dans un argumentaire marketing ou commercial. Bilan des courses, il n’y a que le meilleur qui reste. Ce qui n’est pas utile sombre dans l’oubli. Le monde du libre, c’est darwinien." Vincent Renardias, cheveux longs, sirote un coca. Les querelles de chapelles sur les différents systèmes d’exploitations ? Ça ne le transporte pas. Il préfère la Debian, comme, paraît-il, les puristes, mais il a longtemps été directeur technique France de Red Hat. En clair, il semble bien peu passionné par ces débats somme toute, stériles.
Pour lui, l’avenir du libre est tracé. Il y a là innovation, stabilité, coûts réduits, toutes sortes d’ingrédients qui devraient bénéficier aux logiciels libres. Sans oublier le fait que les responsables de l’ouverture sur le Net dans les entreprises sont des linuxiens. "
Ils vivent dans un local totalement hermétique au reste de l’entreprise. De toute façon, personne ne comprend ce qu’ils font." Ce qui leur permet de mettre du Linux pour les serveurs frontaux et pour les
firewall, par exemple, tandis que les logiciels commerciaux qui rassurent la direction sont déployés à l’intérieur de la société, notamment sur les postes de travail ou pour la messagerie interne.
De vrais produits
Le fait d’être un fan de logiciels libres n’implique pas forcément de s’être formé sur le tas. Vincent Renardias a commencé une thèse qu’il a dû arrêter, notamment en raison de son appel sous les drapeaux... Avec l’un de ses anciens condisciples, Olivier Richaud, à qui ses copains demandent s’il fait dire 33 à ses ordinateurs depuis qu’il a fini sa thèse de doctorat, Vincent monte aujourd’hui une entreprise : Efb2. Derrière ce nom barbare, plusieurs produits. L’un est une solution clef en main de questions-réponses (reponsenet.com) et l’autre, un système d’audit sécurité (Strongholdnet). Toutes les technologies utilisées sont issues du monde du libre. "Reponsenet peut être utilisé par une entreprise pour monter son infrastructure de support technique", soulignent les deux compères qui savent combien les éditeurs de logiciels ont besoin de ce genre d’infrastructure. À quand le support technique de Microsoft sur une plate-forme Linux ? "Il y a pas mal de produits phare qui tournent sous Linux, de voilà.fr à Yahoo en passant par Hotmail (propriété de Microsoft) qui a longtemps fonctionné avec des logiciels libres. Quant au système de sécurisation, il permet aux entreprises clientes d’avoir un état de leur réseau tous les jours. Une option bien plus intéressante qu’un test d’intrusion ponctuel." Vincent et Olivier sont établis à Sophia-Antipolis, près de Nice. Ils savent qu’ils lancent une sorte de start-up, mais précisent qu’ils ont deux vrais produits opérationnels et déjà des clients. Une technologie qui existe, pas un simple concept marketing. Rare dans le milieu des start-ups...