Interview de Bernard Ochs. Fondateur de NetValue, il est aujourd’hui le vice-président d’une société cotée en Bourse, ce qui n’a pas que des avantages... NetValue est une société de service, spécialisée dans la mesure d’audience sur Internet. Ses clients : les agences de pub et les annonceurs.
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Quand et comment avez-vous découvert Internet ?
En 1990, chez Sun. En commençant à aller chercher de l’info sur des systèmes/sites qui s’appelaient WAIS ou Gopher et, aussi, à travers une messagerie qui fonctionnait aux standards Internet.
Pourquoi vous êtes vous impliqué dans Internet ? Quel a été le déclic ?
Le réel déclic fut en 1993-94, toujours chez Sun, en m’occupant du marché des télécoms. J’ai vu le trafic IP, et tous les services basés dessus, concurrencer, puis tout simplement remplacer X25, SNA, etc. Ensuite, lorsqu’est arrivée la comète Netscape, début 95, je n’ai pas voulu rester sur le quai de la gare et je les ai rejoints en fin d’année.
Quand avez-vous compris que cela allait vraiment décoller en France ?
Pourquoi ? Ça a décollé ? Plus sérieusement, le décollage a eu lieu quand France Télécom s’y est vraiment mis, en 96-97, ainsi qu’après le discours de Jospin à Hourtin.
Comment avez-vous vécu la période automne 1999-printemps 2000 ? Que faisiez-vous ?
Que faisais-je ? Je préparais l’introduction en bourse de NetValue, en même temps que son internationalisation rapide. Comment ce fut vécu ? Un sentiment d’irréel : on vous dit que votre société vaut 40 % de plus qu’il y a deux mois, parce que vos concurrents ont grimpé de 40 % sur la période.
Comment analysez-vous aujourd’hui cette frénésie de huit mois ?
Perte de sens des réalités par bon nombre d’acteurs. Et personne ne voulant briser le rêve.
Quel a été, selon vous, le signal de la chute des dotcoms ?
Techniquement : la conclusion du procès Microsoft et la décision de casser la structure en plusieurs entités. Pratiquement : une succession de plantages dans le secteur.
Que faites-vous aujourd’hui ?
Je continue à m’occuper de NetValue et d’aider la société à passer cette période difficile.
Croyez-vous toujours autant à Internet ?
Absolument. Je crois autant dans ses bénéfices économiques que dans la disparition de ce mot de nos discussions, le jour où il sera aussi répandu et accessible que l’électricité ou l’eau courante.
Croyez-vous au commerce en ligne ? Croyez-vous à l’avenir du Web non marchand ?
Oui, au même titre que par téléphone ou en boutique. Le Web non marchand ? Oui, bien sûr, c’est comme ça qu’Internet a commencé. Si la part des services commerciaux doit abandonner progressivement certaines, voire toutes formes de gratuité, un Web non marchand continuera d’exister, ne serait-ce que pour l’éducation.
Comment voyez-vous les années à venir ?
Assez positivement. Une fois que seront résorbés les deux pics extrêmes actuels, et qu’une marche en avant plus sereine aura été enclenchée.
Croyez-vous toujours dans ce qu’on a appelé la « netéconomie » ?
Je n’y ai jamais cru en tant que telle (à de très rares exceptions du type E-Bay, et encore...). L’économie, au sens étymologique, est la même pour tous. La dématérialisation de certains échanges ne les soustrait pas à ses règles, d’autant qu’on n’a pas attendu l’Internet pour cela. Enfin, un compte de résultats et un bilan restent les mêmes pour tous.
Quelles vont être, selon vous, les futures grandes échéances, et que vont-elles apporter ?
La disponibilité effective d’un haut débit de qualité ainsi que la réforme des ...tats et administrations autour d’approches basées sur l’Internet. Ça suppose un renouvellement de bon nombre de nos dirigeants, pour qui la rétention d’info et l’opacité sont les garants de leur pouvoir actuel. La diffusion globale et massive de certificats numériques.